Quel sera le futur de notre agriculture et de notre alimentation ?

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A l’heure où Bpifrance prépare un grand plan deeptech pour le compte de l’Etat, nous avons recensé les projets de rupture FoodTech et AgriTech, accompagnés par la direction de l’innovation de Bpifrance ces 5 dernières années.

Vers une agriculture plus durable

Dans un objectif d’agriculture durable, les projets soutenus visent à accroître les rendements tout en limitant les impacts sur l’environnement. Ainsi, le projet collaboratif MOPAD (Micro-Organismes Pour une Agriculture Durable) a pour objet le développement de solutions de biocontrôle issues de micro-organismes en vue de mieux contrôler une maladie du blé d’origine fongique. Le consortium MOPAD associe la PME Biovitis, le groupe coopératif Limagrain et deux instituts de la direction des Sciences du Vivant du CEA.

Par ailleurs, la startup Micropep a mis au point une nouvelle catégorie de molécules naturelles, qui permettent de moduler temporairement l’expression de gènes d’intérêt chez les plantes afin notamment d’augmenter la résistance aux maladies ou encore ralentir le développement des mauvaises herbes, en alternative aux pesticides et herbicides.

La viticulture, secteur à forte valeur ajoutée, a été l’objet de plusieurs projets numériques. Fruitions Sciences a mis au point une application web afin d’assister les viticulteurs dans leurs décisions, notamment en matière d’irrigation. Ertus Group a conçu un outil de pilotage permettant un affichage de l’impact environnemental et social des vins et spiritueux. La startup Chouette a développé un drone de détection des maladies des vignes.

Charles Nespoulous et Cyril de Chassey, co-fondateurs de la startup Chouette

En outre, Agriconomie propose une marketpace spécialisée dans les approvisionnements agricoles, afin d’aider les agriculteurs à mieux gérer leur trésorerie et digitaliser leurs processus d’approvisionnements.

Enfin, l’objectif du projet collaboratif VALODIM, qui regroupe une PME (Union des Distilleries de la Méditerranée), quatre ETI (Arterris Innovation, Cap Seine, Fertigaz, Ovalie Innovation), une grande entreprise (Vivescia) et trois laboratoires (l’INSA de Toulouse, l’UTC et l’IRSTEA Centre de Rennes), est de mieux valoriser les coproduits issus de la méthanisation (les digestats) et produire ainsi des fertilisants adaptés aux besoins nutritionnels spécifiques des systèmes culturaux locaux, à prix compétitif et respectueux de l’environnement.

A la recherche de nouvelles sources de protéines

Pour couvrir les besoins croissants des hommes et des animaux d’élevage, toutes les sources de protéines, végétales ou animales, sont mises à profit.

Ainsi, la diversité des protéines végétales est adressée, entre autres, par le projet Avalon du groupe Avril (valorisation des productions oléo-protéagineuses), Drop2Feed du groupe Soufflet (sélection de nouveaux microorganismes et enzymes favorisant l’assimilation des fractions céréalières peu nutritives – comme les drêches et les tourteaux – et mal digérées par les animaux d’élevages, grâce à une technologie de criblage et de séquençage à très haut débit, dite microfluidique digitale), CellPro du groupe Chamtor (nouvel ingrédient riche en protéines issu du blé), GenVie du groupe Tereos (analogues de viande à base de protéines de blé et d’ingrédients complémentaires), IEL de la startup ICI&LA (steaks et boulettes de légumineuses cultivées dans nos territoires, lentilles, pois, haricots…). En outre, Triballat Noyal a mis au point une gamme de protéines végétales issues du soja et du chanvre, sans étape d’extraction par solvant, qui seront incorporés dans des produits alimentaires innovants. Le projet collaboratif PROLEVAL, qui associe la PME Valorex, les coopératives Dijon Céréales et Terrena ainsi que l’INRA, a pour objectif de dynamiser la filière des oléo-protéagineux français (féverole, lupin, pois et lin), par la sélection et des procédés de traitements appropriés pour l’alimentation animale.

Par ailleurs, l’extraordinaire potentiel des algues a été exploré par des projets portés par les startups Inalve (industrialisation d’un procédé innovant de production de microalgues sur support mobile à destination du marché de l’alimentation animale et aquacole en particulier) ou Alg & You (développement d’appareils domestiques ou professionnels pour faciliter la culture locale de la spiruline et stimuler nos gastronomies), ou encore le projet collaboratif ALGOLIFE qui associe la coopérative Sica de Saint-Pol-de-Léon, Diana Spécialités Pet Food, Triballat Noyal, Amadeite et deux partenaires académiques (ANSES et CNRS) (développement d’une filière de transformation des macroalgues brunes, rouges et vertes, qui se trouvent en abondance au large des côtes notamment bretonnes, pour l’extraction de molécules d’intérêt destinées aux marchés de la nutrition humaine et animale).

Enfin, les multiples intérêts des insectes ont été mis à profit pour l’alimentation animale, via des projets comme ceux des startups Ynsect, qui a également bénéficié d’un apport en fonds propres du Fonds Ecotechologies pour construire sa première unité industrielle d’élevage automatisé de larves, et Cycle Farms, qui commercialise ses produits auprès des pisciculteurs africains à partir de son usine au Ghana.

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La santé par l’alimentation

Afin de répondre aux besoins nutritionnels particuliers de différentes cibles de population et d’améliorer la santé par l’alimentation, la société Moulin a mené le projet Econutricake pour l’écodéveloppement industriel de produits de boulangerie diététiques. King Tree a construit une unité de production de tanins de châtaignier, riches en polyphénols, utilisés en alimentation-santé humaine et animale. Yooji a développé des moyens industriels et de recherche pour proposer des aliments infantiles, nutritionnellement adaptés et pratiques d’utilisation. Enfin, la cible des seniors a été adressée par les projets de Gel Manche qui consiste à imprimer en 3D des aliments à la texture modifiée afin d’améliorer les repas dans les maisons de retraite et Targedys qui fonde ses travaux sur les découvertes scientifiques liées à la capacité du microbiome à réguler l’appétit.

La révolution des usages par le numérique

La richesse de la FoodTech se traduit par la diversité des business model qui ciblent les consommateurs finaux, les restaurateurs, les industriels ou les distributeurs. Parmi les services aux consommateurs, les projets de livraison de repas sont prépondérants, que ce soit lors d’évènements grand public par DigiFood, en entreprise via des frigos connectés par Foodles et NU ! ou en ville par Frichti et Pickles. Ils sont suivis par ceux de la WineTech, comme Matcha Wine, qui a développé grâce à l’intelligence artificielle une application permettant d’associer mets et vin ou Aveine, qui propose un bouchon connecté avec dispositif d’aération et de mise en température du vin. Dans le domaine du coaching nutritionnel, Foodvisor a conçu une solution qui permet d’analyser instantanément le contenu d’un plat à partir d’une photographie prise avec son smartphone. En outre, le projet collaboratif Open Food Systems, qui regroupe autour du Groupe SEB, 25 partenaires privés et publics, a été précurseur dans le domaine de la cuisine connectée.

Alors que FoodMeUp aide les professionnels de la gastronomie dans la gestion informatisée de leurs recettes et de leurs fournisseurs, Alkemics aide les industriels de l’alimentaire à optimiser leur visibilité commerciale. Les projets des sociétés Biotraq et Phenix visent à réduire le gaspillage alimentaire : le premier en proposant des outils et des modèles prédictifs permettant d’évaluer la qualité sanitaire des produits en cas de rupture de la chaîne du froid ; le second grâce à sa plateforme web pour la valorisation des invendus et des déchets.

L’usine alimentaire construit son futur

De manière exemplaire, l’ensemble de la filière française de transformation du blé dur, producteurs de pâtes et couscous, s’est organisée autour du projet DEFI Blé Dur pour développer de nouveaux procédés afin de réduire les consommations (énergie, eau, matière) et améliorer la qualité des productions futures.

En conclusion, le secteur agro-alimentaire a tout le potentiel pour s’inscrire dans l’ambition de la DeepTech, tout en répondant à la demande des consommateurs de mieux se nourrir, se faire plaisir et réduire son empreinte environnementale.

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