Comment Alma gère l’hypercroissance dans son équipe produit ?

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Photo : Alma

Cet article est né suite à un coaching orchestré par le Club Produit de Bpifrance Le Hub en juin 2021 où l’effectif d’Alma était de 80 collaborateurs. A date de sortie de cet article, en avril 2022, l’entreprise réunit plus de 300 collaborateurs ! 

Initié en janvier 2021, le Club Produit se destine exclusivement aux leaders produit des startups investies par les fonds d’investissement en capital risque de Bpifrance. Pour un vision complète de la démarche, consultez le bilan de l’année 1 et les nombreux articles déjà disponibles

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La question des talents est cruciale dans le développement d’un produit. D’autant plus quand on est une scale-up en hypercroissance. Pour pallier à la pénurie actuelle dans la profession, Alma a pour sa part fait appel à des cabinets spécialisés en product management. Retours d’expériences.

 

Alma, c’est la solution de paiement fractionné créée en 2018 et qui se développe en Europe à vitesse grand V. En février dernier, elle levait 210 millions d’euros pour continuer son expansion et recruter une équipe qui devrait dépasser les 1.000 collaborateurs dans 10 pays d’ici 2025 ! A cette échéance, elle vise 10 milliards de transactions annuelles pour un chiffre d’affaires de plus de 300 millions d’euros.

 

Voici pour le plan. Maintenant, place à l’exécution en coulisses et notamment au sein de l’équipe produit. Lorraine Michot, ex Chief Product Officer de KissKissBankBank&co, a rejoint l’aventure en août 2020 en qualité de Head of Product.

1. Le coaching qui va tout changer

Pour réussir son passage à l’échelle, la startup investie par Bpifrance a d’abord été mise en relation avec un coach expert par le biais de notre Club Produit : “J’avais autant des questions sur le leadership que sur la structuration de l’équipe ou les parcours carrière”, se rappelle Lorraine Michot. Pendant 6 semaines, de mars à avril 2021, des sessions hebdomadaires de 1h30 sont ainsi organisées avec Christopher Parola, ex CPO de Meilleurs Agents et aujourd’hui CPO de Yousign. Et elles vont avoir un profond impact !

 

“Cela m’a permis de me détacher un peu de l’opérationnel pour prendre de la hauteur sur mon plan d’actions. Et de me rendre compte que je n’étais pas au bon endroit : j’étais en train de passer par des chemins de traverse alors qu’il fallait désormais que je prenne les autoroutes !”, constate Lorraine.

 

A cette époque, l’équipe produit ne rassemble en effet que 5 personnes et était clairement en sous-effectif. Ce que reconnaît la Head of Product : “J’ai pris conscience que le CDI n’était pas le seul chemin pour nous développer aussi au Product”. Autrement dit, que la décision de passer par des agences en product management devenait une évidence. Son choix se porte alors sur Hubvisory et Thiga.

 

Elle entame alors une phase de sélection de consultants: “J’ai regardé leur portfolio ou les études de cas sur lesquelles ils avaient travaillé par le passé, et ai cherché des personnes intéressées et comprenant  notre activité, alignées avec les principes de travail de l’entreprise, avec ma vision du métier de product, et capable d’avoir un vrai impact rapidement pour Alma, assure Lorraine. Et, au bout d’une dizaine de jours de sélection, quatre sont recrutés (deux par agence). Quasiment un mois plus tard, ils sont déjà en action !

2. Un mixte interne / externe, solution idéale ?

Saut dans le temps. Nous voici près d’un an plus tard. Alma compte désormais 22 collaborateurs au produit ! Lorraine Michot, tout juste rentrée de congé maternité, dresse un bilan très positif de cette collaboration avec Hubvisory et Thiga, deux agences avec lesquelles elle travaille toujours du reste.

 

“D’une part, ils nous ont aidé à structurer nos process grâce à leur expérience en conseil. Mais ils sont aussi venus avec leurs compétences métier, souligne-t-elle. Un dernier point primordial pour la Head of Product, d’autant qu’il s’agissait des premiers recrutements de son équipe : “Il faut donner le ton en interne en montrant que l’on travaille avec les “best in class”. Une fois que les process s’industrialisent, on peut plus se permettre de prendre des profils juniors et les faire monter en compétences. Mais, au début, il faut cranter l’expertise et le fait de passer avec des agences aident à monter plus facilement cette première marche, explique-t-elle.

 

Une situation souvent rencontrée par Martin Canton-Lauga, co-fondateur et CEO de Hubvisory : Nous travaillons en effet souvent avec des startups et scale-ups qui cherchent des personnes confirmées pour structurer et mentorer une équipe. L’externalisation est une histoire qui fonctionne bien pour cela. C’est une des solutions en tout cas”.

 

Son confrère de chez Thiga, Hugo Geissmann, confirme l’essor de cette tendance. “Il y a tellement de levées de fonds actuellement que beaucoup d’entreprises n’arrivent pas à recruter aussi vite qu’elles le souhaiteraient et se tournent vers nous pour les aider à passer à l’échelle”, constate-t-il. Avant d’apporter une nuance très importante à ses yeux : “Toutefois, si tu prends une agence juste pour faire de l’intérim de luxe avec des compétences qualifiées disponibles tout de suite, tu passes à côté du principal : tout le vrai apport du conseil”.

 

Premièrement, les consultants sont en effet accompagnés et mentorés en interne sur certaines méthodes. Ils peuvent ainsi apporter des cadres de structuration parfois bénéfiques pour passer à l’échelle. Par ailleurs, ces derniers insufflent un regard frais et une mise en perspective différente, nourrie de leurs missions précédentes, à une équipe qui a son produit chevillé au corps.

 

“On vient du métier donc on est en mesure de challenger des pratiques, acquiesce Martin Canton-Lauga. Sachant que, notre force, c’est que l’on peut vraiment s’adapter à l’enjeu précis de l’entreprise. On peut intervenir sur des sujets autour de la data, du pilotage d’équipe, de la structuration du delivery etc.

 

En pratique, peu de signaux laissent entrevoir une différence entre salarié et consultant. “On les considère comme des CDI. On les intègre peut-être un peu moins dans les recrutements mais, pour le reste, ils ont les mêmes missions et la même charge de travail”, confie Lorraine Michot. “Si tu as les moyens, constituer une équipe mixte interne/externe est le setup le plus performant, résume Hugo Geissmann. 

TOUS LES ARTICLES DU CLUB SONT DOCUMENTÉS DANS L’ESPACE NOTION DÉDIÉ AUX NUMÉROS 1 DU PRODUIT DES STARTUPS INVESTIES PAR LES FONDS D’INVESTISSEMENT EN CAPITAL RISQUE DE BPIFRANCE.
SI VOUS AUSSI VOUS ÊTES UNE PARTICIPATION BPIFRANCE, N’HÉSITEZ PAS À NOUS CONTACTER POUR ACCÉDER À CET ESPACE AINSI QU’AU SLACK CPO

3. Une frontière moins marquée qu’auparavant

Une réalité que vit désormais Lorraine Michot… mais dont elle ne soupçonnait pas la possibilité au préalable. “Franchement, je n’envisageais pas de construire sur du long terme en passant par des agences dont la mission est, par définition, temporaire”, relate-t-elle. “C’est en effet un des arguments qu’on nous renvoie le plus souvent, relayés très largement aussi par les investisseurs de ces entreprises”, témoigne Martin de Hubvisory.

 

Evidemment, tout le monde préfère construire une organisation avec des salariés qui restent plusieurs années. Surtout dans une discipline comme le produit où la valeur est directement liée à l’expertise et la connaissance du domaine d’activité et des utilisateurs. “Mais au-delà de la théorie, il faut bien voir que cette frontière externe / interne tend à se résorber dans le monde des scale-ups, où les CDI ressemblent de plus en plus à de longues missions de 18 mois, rétorque Hugo de Thiga, auteur d’un article sur la question des réticences à faire appel à des cabinets produit externes dès 2015. C’est en réalité un effet de la pénurie des talents qui sévit actuellement et des nombreuses opportunités offertes pour les product managers.

 

“Dans un monde parfait, on veut évidemment des gens qui sont là pour toujours. Je n’irais pas jusqu’à dire que travailler avec des agences de manière durable est une stratégie mais c’est clairement une tactique désormais, concède pour sa part Lorraine de Alma.

 

L’autre -gros- sujet de l’externalisation, c’est évidemment son coût par rapport à un recrutement en interne. Ce que reconnaît cette dernière… “Mais on était tellement en retard sur nos objectifs de recrutement que l’on a trouvé que de faire appel à des agences valait largement ce prix supplémentaire”

 

Martin Canton-Lauga confirme cet enjeu tarifaire, même s’il indique qu’il est à relativiser en fonction du coût d’un CDI au global, en pointant l’article d’un responsable de la plateforme de freelance Malt sur le sujet.

 

En 2022, la croissance d’Alma ne s’estompe pas. La potentielle future licorne française vient de sortir son application grand public et entend bien pouvoir générer prochainement des cartes virtuelles de paiement en 3 fois en parallèle de son expansion en Espagne, Italie, Allemagne, Belgique et de sa stratégie globale de devenir leader Européen du paiement fractionné. “Sans aide des agences de conseils, il serait impossible de tenir la cadence”, conclut Lorraine Michot.

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