Panorama de la Blue Tech Partie 1/2 : le futur des transports et de l’énergie est bleu

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Gouvernail, boussole, équivalent vingt pieds, propulsion au GNL… tous ces termes de l’innovation maritime évoquent des révolutions pour l’économie globale.  Hier, la découverte de nouveaux territoires grâce à la navigation bouleversait l’Histoire; aujourd’hui les échanges sont mondialisés et l’océan lui-même devient un espace à exploiter et administrer. Demain, une source de croissance bleue ? 

Le maritime : vivier d’innovations et marché stratégique

Dans son dernier rapport annuel, le Groupement des Industries de Construction et Activités Navales (GICAN) détaille quatre axes de développement des innovations maritimes pour rester compétitifs dans un marché devenu mondialisé :

  • les infrastructures offshore,
  • le navire autonome,
  • le navire propre,
  • le chantier intelligent.

Ces quatre pistes de développement technologiques sont des composantes essentielles de la Blue Tech, soit l’application de solutions innovantes, tech, digitales au secteur du maritime.

Dans la première partie de ce panorama, nous traiterons des aspects liés à l’industrie du commerce maritimes et des énergies marines. Un deuxième volet abordera les questions liées à l’environnement dans un article publié prochainement. 

PAS ENCORE INSCRIT SUR LA PLATEFORME DU HUB ?

Le transport maritime en voie de digitalisation

Souvent perçu comme une industrie lourde, ancienne et réfractaire aux nouvelles technologies, le secteur du maritime se voit aujourd’hui dans l’obligation de se digitaliser.

À ce jour 90% des biens échangés passent par la mer : en toute logique, l’optimisation de cette logistique à grande échelle est un facteur différenciant majeur pour tout armateur, commissionnaire ou transporteur. Les startups sont alors pourvoyeuses de solutions qui apportent de la valeur à ces acteurs traditionnels. 

Des acteurs comme Traxens utilisent l’IoT pour suivre en temps réel le cheminement ou encore l’état à l’intérieur d’un container (ex : étanchéité) tout en relayant l’information à l’armateur. BlueCargo, quant à elle, utilise l’analyse prédictive pour optimiser l’opération des containers sur les terminaux portuaires et ainsi éviter la congestion. Dans le registre Big Data et IA, Smart’N’Go développe des outils permettant d’optimiser le routage des vaisseaux, de synchroniser les équipes à terre et en mer ou encore d’effectuer la pesée du navire, quand la start-up normande Sinay, forte d’une accélération par Ocean Tech à San Francisco, incarne de réels progrès en matière d’infrastructures portuaires intelligentes.

À l’heure de la blockchain, l’application de cette nouvelle technologie à la supply chain du maritime a été initiée par Maersk et IBM qui ont lancé TradeLens, permettant un accès à une donnée neutre et partageable. Enfin, OVRSEA, commissionnaire de transport multimodal, se charge de digitaliser les échanges maritimes pour les PME.

La sécurité des navires représente également un sujet pour les armateurs et les assureurs comme la Lloyd’s. Unseenlabs s’adresse à ces acteurs en développant des micro-satellites capables de tracer  grâce à une technologie électromagnétique l’ensemble d’une flotte marchande et militaire, quand bien même l’un de ses bateaux débrancherait sa balise de tracking. 

Cette sécurité passe également par l’entretien. Il est aujourd’hui très coûteux d’immobiliser un navire au port pour effectuer une vérification de la coque ou des pales d’hélices. Notilo Plus, qui produit un drone sous-marin sans fil pour le loisir, va proposer, avec SESAME, un outil de collecte autonome et d’analyse d’images permettant entre autres d’inspecter la partie non visible d’un navire immédiatement en pleine mer. Ils viennent d’ailleurs d’annoncer un important partenariat avec CMA-CGM

L’autonomie complète des vaisseaux est également envisagée, aussi bien pour le transport urbain avec des projets pilotes tel que Roboat à Amsterdam, que pour le transport de marchandises avec le Sea-Kit.

Crédits photo : Notilo Plus

L’Océan : une source d’énergies multiples mais des challenges techniques

Depuis quelques temps l’actualité liant énergie et maritime fait de plus en plus remonter des projets d’énergies renouvelables : des champs éoliens offshore sont ouverts depuis longtemps, on parle également de marémoteurs, houlomoteurs mais aussi d’hydroliens.

Aujourd’hui, hormis l’éolien, force est de constater qu’aucun projet n’a véritablement réussis à passer à l’échelle. Des initiatives comme le Waveroller d’AW-Energy, menés conjointement avec DCNS, sont toujours en phase de POC quand la prometteuse start-up Nénuphar a malheureusement récemment déposé le bilan.

Dans l’éolien, les seuls acteurs ayant la puissance de feu pour s’engager sur cette voie sont des poids-lourds comme Naval Énergie (avec des flotteurs semi-submersibles d’éoliennes), Engie ou Siemens-Gamesa. 

Sur les projets hydroliens, on note les avancées de Sabella quant à l’utilisation des courants marins pour apporter de l’énergie en zone insulaire ou isolées avec des produits modulaires. Ils estiment à 40 GW le potentiel des gisements de courants dans le monde, soit la puissance moyenne de 40 réacteurs de centrale nucléaire moderne, leur assurant ainsi de belles perspectives de croissance.

Encore peu d’acteurs ont en revanche vraiment su prendre la vague de l’énergie houlomotrice. Les plus sur la crête se trouvent en Israël avec les projets WaveClapper et Power Wing d’Eco Wave Power. En France, le projet HACE est quant à lui sorti du lot en participant au programme Européen Horizon 2020.

Enfin, il existe des innovations dans l’énergie thermique des mers et l’énergie osmotique, soit l’énergie exploitable à partir de la différence de salinité entre l’eau de mer et l’eau douce. Leurs applications doivent encore convaincre : le projet Nemo d’Akuo Energy en Martinique a été stoppé pour des raisons budgétaires et techniques, quand Sweetch-Energy a levé 1,4 millions d’euros en 2017 et semble toujours en phase de recherche et développement.

Sur le sujet des énergies, il est également impératif de se pencher sur l’industrie offshore des hydrocarbures. Les contraintes techniques y étant fortes, des solutions tech fleurissent pour assister les opérateurs de plateformes.

Ainsi la start-up Spinergie fait appel au Big Data et Machine Learning pour opérer le fonctionnement d’un puits ou la performance d’une flotte de navire quand OpenOcean se positionne sur l’aide à la prise de décision liée à la météo avec un outil Big Data de modélisation et visualisation. 

Côté innovation hardware, Liquid Robotics a créée un drone glisseur de vagues capables de fournir des données météos ultra-localisées, d’être un relais de communication entre la plateforme, les satellites et les installations subaquatiques mais aussi de détecter toute fuite d’hydrocarbures en surface. Dans le même registre on remarque également les drone Spotter et Trident de SoFar. Enfin, Saildrone et Sea Proven déploient des flottes de drones autonomes permettant de collecter des données météos et océanographiques dans des environnements extrêmes. 

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