2020 : retour sur une nouvelle année record pour le growth equity français

Partager sur

Malgré le contexte compliqué de 2020, le bilan de l’année en matière de levées de fonds est globalement positif en France. Déjà, à mi-chemin, en juillet 2020, nous avions dressé un premier aperçu optimiste de notre marché, c’est-à-dire les tours de table de plus de 20 M€, destinés à financer des entreprises innovantes et à très fort potentiel, dans les domaines Tech (notamment le digital, les biotechnologies et les écotechnologies).

 

Par Mailys Ferrere, Directrice Pole Investissement Large Venture chez Bpifrance

 

Photo d’illustration par Héctor J. Rivas via Unsplash

 

La fin de l’année a confirmé cette dynamique porteuse avec des montants levés quasi-équivalents à 2019, alors même que l’année 2019 avait déjà été exceptionnelle pour le growth. En effet, pendant l’année 2020, pas moins de 69 fleurons de la Tech française correspondant au champ d’investissement de Bpifrance Large Venture ont réalisé des levées de fonds de plus de 20 millions d’euros. Cela représente 9 opérations de moins que l’année précédente, mais pour seulement 21 millions d’euros levés en moins. Au total, ces startups ont levé plus de 4 milliards d’euros en 2020.

Si le nombre de tours de table supérieurs à 20 M€ est en légère baisse par rapport à 2019, la taille moyenne des deals a augmenté de 52 à 58 M€ (+12%) : un record. Cette évolution se reflète également dans nos investissements : en comparaison avec 2019, la taille moyenne des levées dans lesquelles Large Venture a investi a augmenté de 13%, pour passer de 73 à 83 M€.

 

Mais le phénomène le plus marquant en 2020 est la croissance inédite des “mega-deals” (plus de 100 M€) : ceux-ci ont capté près de la moitié du montant total investi sur les deals growth français. Ceci démontre la maturité croissante de la Frenchtech ! Ils ont largement surperformé par rapport à 2019 : il y en a eu 12, soit un tiers de plus.

VOUS SOUHAITEZ ENTRER EN CONTACT AVEC DES STARTUPS INNOVANTES ?

C’est essentiellement les tours de tables compris entre 20 et 40 M€ qui ont ralenti, avec seulement 34 deals pour 0,8 milliard levés (soit -19% en nombre et -1/3 en montants par rapport à 2019). D’ailleurs, cette tendance s’observe aussi pour les deals inférieurs à 20 M€.

 

Une analyse par secteurs est tout aussi intéressante, car il y a évidemment de fortes disparités entre les domaines du digital, de la santé et des écotechnologies.

Les tours de table dans le domaine du numérique représentent ainsi à eux seuls 70% du total des deals de plus de 20 M€ de 2020, pour 71% des montants investis (contre respectivement 65% et 64% l’année précédente). Pourtant en légère diminution en nombre, ces investissements ont été plus conséquents en valeur (+10% levés en plus). Le boom des “mega-deals” dans ce domaine montre bien la montée en puissance de leaders sectoriels, portés par la digitalisation accélérée de nos économies.

 

Dans le domaine des écotechnologies, le nombre d’investissements a diminué (avec 3 deals de moins), mais les montants levés ont littéralement explosé (+81%, passant de 52 M€ à 94 M€). Cette forte croissance est portée par deux méga-deals dans le secteur de l’élevage d’insectes et de l’alimentation animale : Innovafeed (140 M€) et Ynsect (190 M€), qui font de la France l’un des pays les plus avancés sur ces sujets.

 

Étonnamment, le secteur de la santé a été moins porté par le contexte sanitaire. Le nombre de deals de plus de 20 M€ est en baisse (-15%), tout comme les montants levés (-30%). On peut tout de même se réjouir de voir que deux sociétés françaises de biotechnologie ont fait leur entrée sur le Nasdaq en 2020 : Inventiva (94,40 M€) et Nanobiotix (93,10 M€), soit autant qu’en 2019 avec Genfit (137,60 M€) et Innate Pharma (71,20 M€).

 

Cette année exceptionnelle se justifie par un alignement de planètes pour le secteur du growth. En effet, les sociétés ciblées par le growth equity sont majoritairement des acteurs qui participent à la digitalisation fulgurante de l’économie : ils connaissent ainsi des taux de croissance très importants. Aussi, à la différence de la crise de 2008, les fonds disposent de réserves solides. Ils ciblent les sociétés en forte croissance et matures. Le panel d’investisseurs attiré par le growth equity s’est également élargit avec l’arrivée sur ce terrain de fonds de toutes catégories et de toutes géographies. Enfin, l’écosystème français a fortement gagné en maturité, avec des équipes de management qui ont démontré leur capacité d’exécution.

 

Nous n’avons pas encore les données sur l’Europe ; mais à la fin du 3e trimestre 2020, la France avait dépassé l’Allemagne en matière de mega-deals. Ainsi, la France rattrape l’Allemagne et la Grande-Bretagne en termes de maturité de l’écosystème startup.

 

En 2020, notre fonds a participé à 1/5 des tours de tables français supérieurs à 20 M€. Nous avons ainsi accompagné 13 levées de fonds dans la Tech, dont celles de Ynsect (191M€), ContentSquare (175 M€ levés au total), ManoMano (163 M€), Swile (70 M€), Lumapps (63 M€) ou Vestiaire Collective (60 M€), pour n’en citer que quelques-unes.

 

Pour 2021, nous ne nous risquerons pas au jeu des pronostics. Mais il y a une certitude : Bpifrance Large Venture sera toujours là pour accompagner les entrepreneurs français afin de leur permettre de créer les leaders mondiaux de demain.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *