Niryo lève 10M€ pour rendre les bras robotisés plus accessibles et les déployer hors des usines

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Fondée par Marc-Henri Frouin, dont il est également le dirigeant, Niryo est une startup industrielle à rayonnement international qui conçoit des robots collaboratifs destinés à l’industrie, l’éducation et les laboratoires de recherche.

Normand d’origine, ce Lillois d’adoption nourrit beaucoup d’ambition pour son projet, et pour cause : en tant qu’experte des bras robotiques six axes, Niryo est reconnue pour ses solutions accessibles, son équipe d’accompagnement et son logiciel à la pointe.

Les solutions innovantes de Niryo sont fabriquées en France et sont conçues pour l’industrie 5.0 : une Industrie responsable, centrée sur l’humain. Pour continuer à accélérer sur son marché, la startup lève 10M€, notamment auprès du Pôle d’Investissement Bpifrance Digital Venture. Retour sur cette aventure avec son CEO.

 

Bpifrance Le Hub : Peux-tu nous raconter ton parcours et la genèse de Niryo ?

Marc-Henri Frouin : Je suis passionné de tech de manière générale et, depuis tout petit, je suis bricoleur. Je me suis naturellement tourné vers une école d’ingénieur, ce qui m’a donné la capacité de structurer ma démarche ainsi que mes capacités de conception et de design de manière générale.

Je me suis tourné vers la robotique qui est un domaine passionnant car c’est la rencontre entre plusieurs univers d’assez haut niveau : mécanique, électronique et software, qui en font un défi technique remarquable. Or j’ai vécu une vraie frustration dans ma jeunesse, notamment à l’école, où les machines proposées étaient souvent vétustes. Je me suis dit qu’il fallait remettre cette technologie au goût du jour pour être capable de la rendre disponible et de la mettre entre les mains de tout le monde.

J’ai donc démarré Niryo juste après mes études à Lille, avec un premier Kickstarter en 2017 pour vendre mes premiers robots avant qu’ils ne soient conçus avec la promesse d’une réelle simplification de la robotique.

 

Marc-Henri Frouin, CEO de Niryo

 

Quels ont été les grands milestones de l’existence de Niryo jusqu’à aujourd’hui ?

Les premiers marchés qui ont répondu à notre produit étaient l’Education et la Recherche. Ensuite sont venues les PME qui ont besoin d’automatiser des procédés mais qui ne peuvent pas faire appel à de la robotique industrielle trop encombrante et trop complexe à déployer, en plus d’être souvent trop chère pour elles.

Après le Kickstarter, nous avons fait évoluer nos différentes générations de robots. Le premier était appelé Niryo One, puis nous avons conçu Ned et Ned 2. Au-delà des machines, nous avons aussi développé l’écosystème gravitant autour d’elles, par exemple le logiciel ou la création de contenu pour projeter l’utilisateur dans son usage. Nous essayons d’accompagner nos clients au maximum afin qu’ils soient le plus satisfait possible de notre production de valeur. Nous développons aussi des accessoires comme des caméras ou des pinces.

Bien sûr, les levées de fonds rythment la vie de la startup. Pour l’instant, il y en a eu 2 : la première en 2020 et la deuxième en juin 2023. La levée en Série A de cette année montre qu’il y a une vraie accélération issue de notre promesse.

Parmi les éléments importants de notre évolution, il y a aussi bien sûr notre déménagement. Après avoir été d’abord incubée dans mon école d’ingénieur, puis par EuraTechnologie à Lille en 2018, Niryo occupe depuis 2021 un bâtiment industriel qui symbolise son réel démarrage. Et c’est là, au milieu de nos bureaux, que nous produisons nos robots sur notre ligne de production !

 

« Être vraiment identifié comme un des leaders européens dans les 3 à 4 prochaines années »

 

Que représente pour toi le fait d’avoir implanté ta startup à Lille ?

C’était très important. Je suis très attaché au fait que la création de valeur ne soit pas que logicielle ou servicielle, mais qu’elle doit aussi être « produit ». Lorsque nous étions dans des incubateurs, nous étions une des seules boîtes hardware. Nous étions assez déconnectés de l’écosystème tech en tant que tel car plutôt concentré sur le digital. Mais nous avons quand même continué à avancer.

Aujourd’hui j’entends et je vois beaucoup de messages politiques de réindustrialisation et de production locale via la construction de valeur physique, ce qui me parle et me porte énormément. Cela se ressent au sein de Niryo : nous avons des profils de tous horizons qui sont heureux de manipuler les robots physiquement, et moi aussi !

Ce que nous faisons est très concret, et je trouve que ce côté terrain est très valorisable mais n’est pas encore assez valorisé. Donc l’annonce d’un plan tel que France 2030 m’a fait plaisir et je le trouve très positif.

 

Ned, le robot de Niryo

 

Pourquoi t’être tourné vers Bpifrance Digital Venture pour cette levée de fonds ?

D’une part parce que nous avions la maturité suffisante pour être financé par des fonds tels que Bpifrance Digital Venture ou Innovacom. Trouver des financements auprès d’acteurs de ce type est pour moi la clé du succès vers la construction d’une entreprise avec une force européenne. Cela va nous permettre de rester indépendants, d’une certaine manière, face aux entreprises investies par des fonds américains ou chinois.

D’autre part, j’y ai trouvé aussi un discours très humain et ambitieux, notamment auprès de Marion Aubry, dont je partage cette volonté de créer de la valeur pour la France et l’Europe.

 

Quels vont être les grand axes de développement portés par Niryo à l’issue de cette levée de fonds ?

Nous sommes pour le moment solidement structurés, mais l’idée est évidemment de faire grandir la startup en investissant dans nos piliers principaux : la partie industrielle, la partie R&D et la partie Business/Marketing-Sales.

Jusqu’ici, nous avons vendu à peu près 3000 robots, soit un peu plus de 600 par an. Un des objectifs est d’être capable d’en vendre 4000 par an d’ici 3 à 4 ans. Nous voulons nous aussi aller beaucoup plus loin dans la promesse et la production de valeur physique, donc sur la partie robotique, avec des produits plus performants et plus accessibles, en progressant sur les parties conception mécanique, électronique et design.

Nous souhaitons également améliorer toute la partie logicielle avec de l’IA intégrée au sens large dans nos technos, afin d’être capables par exemple d’intégrer une reconnaissance visuelle plus aboutie et aller plus vite sur la détection de problématiques sur nos robots à travers le cloud et de la reconnaissance data à distance pour répondre aux problèmes de main-d’œuvre de nos clients.

L’ambition, c’est que Niryo soit un acteur prépondérant sur le marché de la robotique accessible et, pour moi, un des enjeux est d’être vraiment identifié comme un des leaders européens dans les 3 à 4 prochaines années.

 

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