Les 20 chiffres 2025 du marché de l’Agritech à connaître

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À la croisée de la technologie et de la souveraineté alimentaire, l’Agritech s’impose comme un pilier de la transition agricole mondiale. En 2025, la France renforce sa position d’acteur stratégique, portée par un écosystème de startups dynamiques et un engagement fort des pouvoirs publics. Voici quelques chiffres essentiels pour comprendre l’évolution du secteur cette année.

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Une croissance globale forte, mais plus sélective

Le marché mondial de l’Agritech continue de croître à un rythme remarquable. Selon plusieurs études sectorielles, sa valeur était estimée à 27,38 milliards de dollars en 2023, et pourrait atteindre 108,17 milliards d’ici 2032. Ce chiffre repose sur un taux de croissance annuel moyen de 16,5 %, illustrant un intérêt croissant pour des solutions capables de conjuguer innovation, productivité et réduction de l’empreinte environnementale.

Au cœur de cette dynamique, l’intelligence artificielle joue un rôle décisif. Elle permet de :

  • Optimiser les rendements ;
  • Prédire les aléas climatiques ;
  • Surveiller les maladies ;
  • Automatiser des tâches répétitives.

Le marché mondial de l’IA appliquée à l’agriculture atteindra ainsi 2,6 milliards de dollars en 2025. Cette progression exponentielle traduit une adoption croissante par les exploitants et les filières, en quête de rentabilité et d’agilité.

En France, le contraste est plus marqué. Si l’écosystème est riche, les financements connaissent un léger repli. Les startups de l’Agritech ont levé 180 millions d’euros en 2024, en recul de 38,5 % par rapport à 2023. Ce changement de tendance reflète une exigence nouvelle du marché : les investisseurs recherchent des projets rentables, ancrés dans le réel, plutôt que de purs paris technologiques.

Startups à suivre :

  • Elicit Plant : développe des biostimulants à base de phytostérols qui renforcent la résistance des plantes au stress hydrique. Sa technologie améliore la tolérance des cultures aux aléas climatiques tout en réduisant les pertes de rendement, contribuant à une agriculture plus résiliente sans augmenter les intrants chimiques.
  • Mycophyt : valorise les champignons mycorhiziens pour créer des bio-intrants personnalisés selon les terroirs et les cultures. En renforçant la symbiose sol-plante, ses solutions naturelles favorisent l’absorption des nutriments, améliorent les rendements et réduisent l’usage d’engrais dans une logique agroécologique.

 

 

La France, terrain fertile pour l’innovation agricole

En tant que deuxième puissance agricole européenne, la France détient 17 % de la production agricole de l’Union européenne. Mais au-delà de ce poids économique, c’est son ambition de transformation qui mérite l’attention. L’État a investi 2,4 milliards d’euros dans l’Agritech entre 2021 et 2023, soit une progression spectaculaire de 83 % des financements publics en seulement deux ans.

Ce soutien s’accompagne d’une structuration active de l’écosystème : 215 startups sont recensées dans l’Agritech et la FoodTech en 2025, positionnant la France comme le premier pays européen en volume de levées de fonds sur ce segment.

Au sein de ce tissu entrepreneurial, des pépites émergent dans les domaines de la robotique, de la génétique, ou encore de la valorisation des données agricoles. Le dynamisme des incubateurs, des pôles de compétitivité et des coopérations public-privé favorise l’industrialisation de ces innovations.

L’innovation agricole s’enracine sur le terrain

L’innovation ne reste pas cantonnée aux laboratoires : elle s’installe progressivement dans les pratiques agricoles. En 2023-2024, 86 % des agriculteurs français ont adopté au moins une innovation technologique. Mieux encore, plus de la moitié (53 %) en ont intégré trois ou plus. Si aucune technologie ne domine à elle seule le paysage, cela révèle une appropriation progressive de l’innovation comme levier de transformation.

Les technologies les plus adoptées sont les capteurs de suivi des cultures, les outils GPS de précision, les drones de surveillance et les solutions de gestion agronomique. Trois quarts des agriculteurs sont ainsi désormais équipés d’au moins un outil robotisé, et 81 % utilisent Internet dans leur quotidien professionnel.

Startups à suivre :

  • Aisprid : développe des robots agricoles collaboratifs capables de récolter automatiquement des fruits fragiles comme les tomates ou les fraises. Son approche mêle robotique souple et intelligence artificielle pour répondre aux enjeux de pénibilité, de précision et de pénurie de main-d’œuvre dans le maraîchage.
  • Agrilifestudio : accompagne la création de projets à impact fort en co-développant des solutions innovantes avec des entrepreneurs du secteur agroalimentaire, en mettant l’accent sur la transition agroécologique, la rentabilité et l’intégration technologique.
  • Micropep : conçoit des solutions de biocontrôle basées sur des microprotéines végétales. Ciblant l’expression des gènes, ses produits permettent de réguler la croissance ou la résistance des plantes de manière temporaire, précise et naturelle, constituant une alternative innovante aux produits phytosanitaires conventionnels.

Entre transition écologique et nouveaux modèles de valeur

En 2025, l’agriculture ne peut plus ignorer le dérèglement climatique. 93 % des agriculteurs français déclarent en subir les conséquences directes : qualité et volume de récolte, aléas météo, perte de fertilité des sols. 76 % estiment que le climat est désormais le principal défi pour leur activité.

Les biosolutions s’imposent alors comme des leviers puissants de résilience. En 2024, elles ont attiré 1,9 milliard de dollars d’investissements, confirmant leur potentiel de substitution aux intrants chimiques. Biocontrôle, biostimulation, agriculture de régénération : ces approches répondent à la fois aux attentes sociétales et aux impératifs de productivité.

Mais tous les modèles ne tiennent pas la route. Les fermes verticales, l’agriculture urbaine ou les systèmes de culture alternatifs suscitent moins d’engouement : les investissements ont chuté de 53 %, faute de rentabilité éprouvée à grande échelle.

Autre mutation à l’œuvre : la diversification énergétique. Près d’un agriculteur sur deux envisage de produire de l’énergie (solaire, biométhane, photovoltaïque) pour compenser la baisse de ses revenus agricoles traditionnels.

Startups à suivre :

  • Fermentalg : exploite le potentiel des microalgues pour produire des ingrédients durables : oméga-3, protéines végétales, pigments naturels ou agents de purification. Ses solutions s’adressent aux industries de la nutrition, de la cosmétique et de l’énergie, en réponse aux enjeux de durabilité et de traçabilité.
  • Swap Food : conçoit des alternatives végétales à la viande à base d’ingrédients simples, sans additifs ni arômes artificiels. Sa technologie permet de reproduire la texture et le goût de la viande, tout en répondant aux attentes nutritionnelles, environnementales et gustatives du secteur de la restauration.

Conclusion

En 2025, l’Agritech française avance sur deux jambes : celle de l’efficacité économique, et celle de l’innovation responsable. Grâce à un socle agricole solide, un tissu entrepreneurial engagé et un soutien public croissant, la France peut affirmer sa souveraineté alimentaire tout en participant à la transition écologique mondiale.

Mais pour y parvenir, il faudra aller au-delà des chiffres : écouter les agriculteurs, soutenir l’industrialisation des solutions efficaces et combler les fractures sociales du secteur. L’Agritech ne doit pas être une vitrine, mais un levier pour réinventer durablement notre manière de produire, de consommer et de nourrir demain.

Valentine Triniac

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