Creator Economy : comment les marques, startups et créateurs redéfinissent la croissance

La création de contenu, nouveau levier stratégique

La création de contenu n’est plus un simple outil de communication : c’est un moteur de croissance.
Startups, marques, créateurs et experts data inventent de nouveaux modèles pour innover, fédérer des communautés et générer de la valeur.
C’est ce mouvement que le Hub de Bpifrance a exploré lors de sa conférence « Creator Economy », organisée le 14 octobre 2025 en partenariat avec la French Touch et la Paris Creator Week.

Autour de la table

Une rencontre inédite entre quatre visions complémentaires :

• Marc Lessage Moretti, alias Jokariz, fondateur de la Paris Creator Week et créateur de contenu,
• Lana Seoud, Corporate Media, VIPs & Influence Manager chez LVMH,
• Charlotte de Labrouhe, Head of Growth chez La Fourche,
• Antoine Khaitrine, cofondateur de Licter, spécialiste de l’analyse des conversations sociales.

Animée par Anais Lala, Consultante Communication et événementiel pour Bpifrance Le Hub.

En ouverture, Yona Panazol (Bpifrance – French Touch) a rappelé que les industries culturelles et créatives sont désormais au cœur de l’économie française, à la croisée de la culture, de la tech et du business.

Quand le contenu devient une infrastructure économique

La Creator Economy pèse aujourd’hui 6,8 milliards d’euros en France, en croissance de 25 % par an.
Selon Jokariz, qui a ouvert la conférence, il ne s’agit plus d’un effet de mode mais d’un véritable pilier économique.
Les nano et micro-créateurs (moins de 100 000 abonnés) en sont la preuve : en adressant des niches passionnées, ils génèrent des revenus réels et durables tout en offrant un ROI supérieur aux marques.

« Un YouTuber passionné par le vin, suivi par 5 000 connaisseurs, aura un impact plus fort qu’un influenceur généraliste. »

Ce changement de paradigme ouvre de nouvelles perspectives aux entrepreneurs, qui voient désormais dans le contenu un levier d’acquisition, de réputation et de valeur long terme.

Marque, startup ou créateur : des stratégies qui convergent

Les intervenants s’accordent sur un point : les frontières entre communication, produit et communauté s’effacent.

Les startups créent désormais leurs propres médias pour maîtriser leur funnel d’acquisition — à l’image de Finary, dont la chaîne YouTube est devenue le principal moteur de croissance. Les grands groupes, eux, mobilisent leurs collaborateurs pour incarner leur culture d’entreprise à travers l’employee advocacy, transformant leurs équipes en véritables ambassadeurs de marque.

Quant aux créateurs, ils s’imposent comme de véritables entrepreneurs, capables de négocier des partenariats durables ou des accords en equity, affirmant ainsi leur rôle central dans les nouvelles dynamiques de croissance.

LVMH : casser les silos et co-créer avec authenticité

Chez LVMH, la communication corporate a profondément évolué.
Le groupe a réuni ses équipes médias, RP et social autour d’une approche intégrée, pour gagner en cohérence et en impact.

« Collaborer avec des créateurs, c’est bénéficier de leur ton, de leur authenticité et de leur relation avec leur communauté », explique Lana Seoud.

Deux exemples emblématiques :

• La campagne des Métiers d’Excellence LVMH, avec la créatrice Emmanuelle Sits, pour promouvoir le salon You & ME valorisant les métiers de savoir-faire du Groupe;
• Les tenues des volontaires des Jeux de Paris 2024, éco-conçues à partir de matières recyclées, mises en lumière par la créatrice Sarah Monteil.

Une approche fondée sur la co-création, la liberté éditoriale et une transparence totale.

La Fourche : la performance mesurée à l’engagement

Chez La Fourche, l’influence est le premier levier d’acquisition et affiche un ratio LTV/CAC de 5. L’entreprise traite ce canal avec la rigueur d’un investissement publicitaire :
ROI, rétention, panier moyen, fidélité.

« Les clients issus de l’influence sont plus engagés, car ils connaissent déjà notre mission et nos valeurs », souligne Charlotte de Labrouhe.

Les collaborations sont conçues pour durer : partenariats long terme, analyse d’engagement, et sélection exigeante des profils selon leurs valeurs et la pertinence de leur audience.

Licter : la data pour cartographier les communautés

Antoine Khaitrine, cofondateur de Licter, a démontré comment les données conversationnelles révèlent la structure sociale du web : chaque point représente un individu, chaque lien une affinité ou un échange.

« La donnée conversationnelle montre ce que les chiffres ne disent pas : derrière chaque métrique, il y a une conversation, et derrière chaque conversation, une opportunité de créer du lien. »

Grâce à cette cartographie, les marques peuvent identifier les sphères d’influence, anticiper les tendances et mesurer leur empreinte réelle au-delà des chiffres de vues.

Une nouvelle relation de confiance

Tous les intervenants s’accordent : la clé du succès, c’est la confiance.
Les marques choisissent leurs créateurs sur la base de valeurs communes, laissent une liberté créative totale et privilégient les collaborations durables.
Les créateurs, eux, assument leur rôle d’experts et de passeurs d’audience.

« Quelle que soit la taille de la communauté, un contenu sincère et utile trouvera sa place », résume Jokariz.

L’ère du contenu sponsorisé de masse est révolue.
La Creator Economy valorise la proximité, la pertinence et la cohérence entre marque, créateur et public.
Pour les entreprises, c’est un changement de culture : passer du message à la conversation, de la publicité à la relation.