Visuel par Milad Fakurian via Unsplash
Permettre à des acteurs du privé – dont la gestion de monnaie n’a jamais été la fonction première – d’intégrer des fonctionnalités bancaires à leur catalogue de services semble être le nouveau cheval de bataille de la FinTech, en témoigne le nombre florissant d’entreprises dites de Banking as a service (Baas) sorties de terre depuis cinq ans.
« BaaS ». S’il ne vous dit rien, sachez que ce terme désigne ces services bancaires qui proposent à des tiers l’utilisation de leur interface de programmation d’application (API) pour que ces derniers puissent in fine assurer une gestion de comptes, des émissions de cartes, fournir des IBAN et autres systèmes de paiement à leurs clients. « À l’heure où tout se consomme plus ou moins à la demande, de votre repas à la série que vous regardez le soir, la banque devient une commodité et non plus une finalité. De la même manière que l’on pourrait qualifier Netflix de plateforme de vidéo as a service ou Just Eat de restaurant as a service, pour schématiser, l’idée est d’offrir la possibilité de faire appel à des fonctionnalités bancaires selon les besoins », illustre Mathieu Breton CTO et cofondateur de Swan, startup française créée en 2019, qui compte déjà 70 salariés.
Parmi ses récents partenaires, on peut mentionner cette société milanaise qui a créé une carte de transport multimodale (métro, bus, vélos, trottinettes en libre service) via une interface Swan. « Les utilisateurs peuvent la passer dans toutes les bornes de la cité lombarde. Cette société paye immédiatement les régies de transports et autres sociétés de véhicules en libre service. Derrière, elle refacture la transaction à l’usager », révèle Mathieu Breton. Pour simplifier, une société qui n’avait rien à voir avec le système bancaire a trouvé dans l’intégration d’une fonctionnalité bancaire une opportunité de développement. Un exemple qui prouve que la filière BaaS, bien qu’encore jeune, semble offrir des perspectives de marché BtoB colossales. La Société Générale ne s’y est d’ailleurs pas trompée, elle qui a racheté la plateforme Treezor dès 2018, qui offrait tout un éventail de produits bancaires via ses API (opérations de KYC, paiements SEPA, cartes…) à des clients comme Lydia, Swile ou Qonto.
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Pour certaines entreprises dont la gestion de l’argent n’est pas le métier premier, l’intégration à un BaaS revêt ainsi un intérêt particulier pour étendre son activité et générer de nouvelles sources de revenus. C’est ce que l’on appelle l’Embedded banking, c’est à dire que le service « banque » est incorporé dans une offre plus globale. Sont particulièrement friands de ce mode de fonctionnement, les membres de communautés ou de catégories de population spécifiques, qui souhaitent offrir un service supplémentaire pour les besoins de leur niche.
Reste que pour séduire ces acteurs qui semblent ouverts à l’idée d’éditer une carte bancaire avec leur logo sans se soucier de l’aspect technique qu’ils comptent déléguer, la confiance revêt un intérêt fondamental. Les BaaS ne sont pas des banques stricto-sensu, mais comme pour ces dernières, la réputation est primordiale. « En tant qu’établissement bancaire, les BaaS ont un rôle fort dans la lutte contre la fraude, le blanchiment d’argent ou encore le financement du terrorisme, conformément à ce que requièrent les instances de régulation. Toute la problématique est d’arriver à garantir cette protection tout en proposant une expérience fluide à l’entreprise qui intègre un BaaS », note ainsi Mathieu Breton de Swan. Pour résoudre cette équation, il insiste sur l’importance du KYC. « Le Know Your Customer, la connaissance de ses clients, c’est l’un des enjeux majeurs du marché de demain », précise le CTO. Cela passe selon lui par une optimisation de la communication et de la remontée d’information entre le Baas et ses intermédiaires. Ou quand une relation saine repose sur un savant équilibre entre distance et proximité. Comme pour un particulier et son banquier, en somme.