Il n’y pas que l’IA pour révolutionner la Santé, il y a aussi la dialyse. MexBrain s’est emparé du sujet et a innové pour rendre l’hémodialyse (dialyse du sang) plus efficace et moins gourmande en eau, afin de soigner de nombreuses pathologies telles qu’Alzheimer ou Parkinson grâce à son procédé permettant de retirer les (mauvais) métaux présents dans le sang. Son CEO, Thomas Brichart, pur scientifique dans l’âme, nous narre son aventure entrepreneuriale et comment Le Hub l’a accompagné tout au long d’un chemin qui s’annonce encore prometteur.
Bpifrance Le Hub : Peux-tu, dans un premier temps, nous raconter la genèse de Mexbrain ?
Thomas Brichart, CEO de Mexbrain : « Mexbrain est surtout l’histoire de « comment j’ai trébuché dans le monde des startups » !
Étudiant en master à Lyon, j’ai d’abord fait une thèse de chimie inorganique dans un laboratoire avec l’objectif de devenir Maître de Conférences ou Professeur, donc je m’inscrivais dans un parcours très académique. Je travaillais plutôt sur des sujets liés au pétrole, comme des traceurs pour les champs pétroliers, puis j’ai effectué un post-doctorat en Norvège avant de revenir en France.
À mon retour, en 2016, il se trouve que le labo dans lequel j’avais effectué ma thèse (et mes masters auparavant) a créé une startup basée sur mes travaux et cherchait quelqu’un pour avancer sur le projet, ce que j’accepte. Un an plus tard, mon ancien Directeur de thèse me parle d’un autre projet de startup avec une technologie permettant d’enlever les métaux du sang pour laquelle il avait également besoin d’un dirigeant. Au final, je me suis totalement pris au jeu ! On lance donc MexBrain fin 2017 et, depuis, je suis toujours là et je m’y consacre exclusivement.
MexBrain, au départ, tire son nom de « Metal Extraction from the Brain », c’est-à-dire l’extraction de métaux excédentaires dans le cerveau avec des cathéters de micro-dialyse. Nous avons opéré un changement de paradigme pour nous diriger vers l’hémodialyse (dialyse du sang), qui concerne bon nombre de pathologies liées à ou provoquant un excès de métaux (fer, cuivre…) dans le sang, comme les maladies d’Alzheimer, de Parkinson ou de Wilson, qui s’attaquent aux organes vitaux. L’un des avantages majeurs de notre produit, c’est qu’avec seulement 1 à 2 litres d’eau de dialysat, il sera plus efficace pour extraire les métaux qu’une dialyse qui nécessite habituellement 100 à 200 litres d’eau.
A quel moment tu as levé des fonds, et pourquoi t’es-tu tourné vers Bpifrance ?
Après notre création en 2017, nous avons réussi à tenir environ 3 ans avec de la « love money » empruntée auprès de nos amis et de nos familles, ainsi qu’avec des bourses et d’autres financements dénichés « à droite à gauche. » Il a fallu ensuite passer au stade supérieur et lever de l’argent de manière significative. Le moment où cela a vraiment basculé fut celui où l’on a définitivement opté pour une spécialisation autour de l’hémodialyse. Notre business plan s’est éclairci. D’un point de vue timing, cela s’est fait pendant le COVID, donc nous avons dû faire cela de chez nous, en visio ! Nous nous sommes tournés vers Bpifrance car nous savions que la Bpi finançait des projets innovants comme le nôtre. Nous avons eu un contact avec Emmanuel Audouard, du fonds Deeptech Venture ainsi qu’avec d’autres fonds en dehors de Bpifrance. Et on finalise notre levée avec Bpifrance début 2021.
« Avec Le Hub, nous avons bénéficié d’un accompagnement hyper large, à 360° »
Une fois investi par Bpifrance, à quel moment as-tu découvert l’existence du Hub ? Est-ce que tu as tout de suite fait appel aux services du Hub ?
La vraie rencontre avec les équipes investissement se fait donc au moment de la levée. Jusque-là, nous étions en lien avec les chargés d’affaires locaux pour tout ce qui concernait les subventions et les financements. Au moment de la finalisation de la levée, les équipes d’investissement nous présentent les services qu’ils mettent à notre disposition, notamment le Hub. À l’époque, notre Responsable Accompagnement Opérationnel était un petit nouveau, Dimitri Maugé, qui nous suit depuis. On a donc fait toute notre aventure avec lui jusque-là, et ça se passe très bien ! On a tout de suite fait appel au Hub car notre roadmap était chargée, et Dimitri nous a aidés là-dessus. La notoriété de Bpifrance nous a aussi permis d’accélérer nos projets.
Dans un premier temps, Dimitri nous a donc d’abord aidés à réaliser un « diagnostic » complet de MexBrain, à bien définir nos points forts et nos points faibles, l’ordre de priorité des sujets et donc ce sur quoi on peut agir et dans quel timing. Nous avons donc mis en place des points réguliers avec Dimitri pour également redéfinir nos priorités, avoir une vision consolidée de notre évolution et avoir un interlocuteur qui permettait de challenger notre vision et notre plan d’actions.
Dans quels domaines as-tu bénéficié d’un accompagnement ? Par quels experts as-tu été conseillé ?
Avec Le Hub, nous avons bénéficié d’un accompagnement hyper large, à 360°. Les premiers éléments dont nous avons vraiment bénéficié ont été les mises en relation. Parfois, on ne sait pas par quel bout prendre un projet. Par exemple, un de nos premiers besoins était de trouver un avocat spécialisé dans la Biotech. Pas facile même lorsque l’on connaît bien le secteur ! Et ça ne se trouve pas sur Google non plus… Travailler avec Le Hub nous a permis d’ouvrir notre carnet d’adresses et d’être mis en relation avec d’autres acteurs et de trouver cet avocat. C’est un exemple parmi d’autres mais l’accompagnement nous a permis d’avancer pas à pas sur bon nombre de sujets.
Il a aussi fallu que nous trouvions des partenariats avec de grands groupes, ce qui est très difficile dans notre domaine. Il y a peu d’acteurs sur le marché, dont 2 qui en partagent 80%. Le Hub nous a permis d’être mis en relation avec Anne Guigou, une ancienne d’un de ces acteurs désormais consultante, qui a travaillé pendant longtemps en Europe aux États-Unis. Nous avons avancé avec elle sur une période d’un an autour de la définition d’une stratégie nous amenant à identifier les potentiels contacts au sein de ces grands groupes, à les contacter, à leur présenter notre techno… et cela a été très fructueux pour nous puisque nous discutons désormais avec un de ces acteurs.
Nous avons également bénéficié du partenariat entre le Hub et l’ESCP (Ecole Supérieure de Commerce de Paris) pour travailler avec des groupes d’étudiants sur l’identification de Key Opinion Leaders ou la réalisation d’études de marché. Travailler avec le Hub et l’ESCP nous a fait gagner beaucoup de temps, car les portes s’ouvrent plus facilement du fait de leur renommée, en particulier à Paris. En passant par le Hub, nous avons pu avoir accès à de nombreux interlocuteurs avec qui nous souhaitions travailler (notamment avec L’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, AP-HP, un centre hospitalier universitaire à dimension internationale) et cela a donné de la crédibilité à notre projet.
« L’accompagnement nous a permis d’appréhender ces sujets différemment, avec une vision plus large et plus ouverte »
D’un point de vue personnel, cela t’a-t-il également apporté ?
Oui, sur plusieurs aspects. Nous avons aussi été confrontés à des sujets comme l’onboarding de nouveaux salariés que nous recrutions à force de grandir, ce qui était nouveau pour nous notamment dans le recrutement de salariés non-issus du monde scientifique. De prime abord, on pense que c’est facile de recruter mais la réalité est différente, surtout lorsque l’on recrute des profils de plus en plus éloignés du sien, car la façon de penser ou les attentes sont différentes, notamment. L’accompagnement nous a permis d’appréhender ces sujets différemment, avec une vision plus large et plus ouverte.
Cet accompagnement nous a aussi permis de réfléchir sur des sujets plus larges : notre technologie peut être utilisée sur beaucoup de pathologies, il a donc fallu que nous recentrions aussi nos domaines d’applications, ce à quoi nous avons réfléchi avec Dimitri en dressant un panorama des possibles et en déterminant un plan d’action en termes de cibles (les types de patients), de prix, de concurrence…
Avoir un Responsable Accompagnement nous permet également d’avoir une sorte de « miroir » avec lequel échanger sur notre stratégie, donc, et nos priorités. Il connaît bien le projet et accompagne d’autres startups ce qui lui permet aussi de penser « out of the box » pour nous. J’ai trouvé essentiels les échanges que j’ai eus avec lui (1h chaque mois), d’autant plus qu’il me challengeait beaucoup sur ma vision ! Le fait qu’il ait cette vue extérieure et que l’on fasse un pas de côté ensemble rend le temps passé avec lui hyper bénéfique.
Sans dévoiler toutes les coulisses de MexBrain, est-ce que tu vois d’autres pistes d’accompagnement qui pourraient t’être utiles dans le futur ?
La première piste concerne notre déploiement à l’international, notamment aux États-Unis. Il y a évidemment une montagne de sujets à préparer en amont, notamment la possibilité de lever à nouveau des fonds mais cette fois-ci en incluant des fonds américains.
On travaille par exemple avec Dimitri sur les aspects réglementaires nécessaires à ce type de mouvement, notamment toutes les démarches à mener auprès de la FDA, qui est un point stratégique extrêmement important pour nous. Notre positionnement comme médicament ou comme dispositif médical dépend de cela et inversement. Cela aura également un impact sur les essais cliniques à mener, par exemple.
Il y aura donc de nouveaux financements à trouver dans le futur, et dans ce cas pourquoi ne pas partir sur un nouveau tour de table ? Sur cet enjeu-là, Le Hub peut aussi nous aider en nous accompagnant dans la réalisation de nos communications ou la définition de nos enjeux stratégiques.
Le dernier aspect concerne également un potentiel modèle de « licensing » de notre techno, qui peut nous aider à la déployer et à trouver de nouvelles pistes de business development et sur laquelle on avance aussi main dans la main avec Dimitri et Le Hub. »
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