Les 6 tendances sectorielles du capital-risque en France

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Hier le eCommerce, aujourd’hui la mobilité, demain l’intelligence artificielle. Le marché du capital-risque répond à des tendances d’investissement et les entrepreneurs aimeraient tous « surfer » sur ces fameux « momentums ». La récente étude d’Avolta Partners sur la valorisation des startups a permis d’identifier 6 trajectoires d’investissement et traduit en chiffres un sentiment partagé dans l’écosystème : tous les secteurs ne sont pas égaux.

Les 3 phases d’investissement du capital-risque

Chaque secteur répond à une logique d’investissement qui peut être temporellement schématisée en 3 phases :

Spray & pray. Secteur naissant, offre fragmentée en un grand nombre de startups de petites tailles et petits tickets d’investissement : les investisseurs diversifient leurs portefeuilles pour répartir le risque élevé d’incertitude à la sortie.

All-in. Secteur encore peu mature et offre fragmentée mais tickets plus élevés qui concentrent la prise de risque : les investisseurs s’exposent puisqu’ils anticipent une vague de consolidation.

Consolidate monopoly. Secteur mature avec une offre concentrée et tickets élevés : les investisseurs remettent au pot des startups qui ont su prendre le marché.

Une quatrième dynamique consiste à se protéger au maximum du risque en investissant des petits tickets dans des startups déjà matures : cette stratégie se rapproche d’un raisonnement « Cap Dev » et intervient lorsque les investisseurs ne croient plus autant aux opportunités de sortie.

Les investisseurs institutionnels ne peuvent souvent pas rester plus de 7 ans au capital des startups dans lesquelles ils investissent. Les stratégies d’investissement par secteur reposent donc sur l’anticipation des cycles de consolidation M&A.

« Cette étude permet de constater un alignement fort entre économie réelle et finance. Les fonds Venture assoient de plus en plus leurs décisions d’investissement sur les comportements des Corporates sur ces marchés. Les grands groupes français, malgré l’intérêt théorique pour des marchés en développement comme l’IA ou la blockchain, sont plus prompts à investir ressources financières et opérationnelles sur des technologies déjà market-ready comme l’adtech ou la fintech. Communiquer auprès d’eux sur les attraits et les valorisations des différents domaines et business models de la scène tech ne peut que poursuivre une plus grande compréhension et une meilleure collaboration entre les 2 mondes. »

Cécile Brosset, Directrice de Bpifrance Le Hub

Medtech/biotech : le pari sur la R&D

Les investisseurs misent de plus en plus d’argent sur des startups toujours peu matures. Ils sont enclins à augmenter leurs lignes d’investissement pour créer de fortes barrières à l’entrée et limitent leurs risques avec le dépôt de brevets.

Adtech : vers une consolidation prudente

L’adtech est un secteur où les investisseurs prennent relativement peu de risque. Sur les trois dernières années, ils ont augmenté leur ticket (de 0,8M€ à 4,6M€) au fur et à mesure que le marché est devenu mature (de 1,2M€ à 4,4M€ de chiffre d’affaires moyen).

Les modèles de publicité suscitent la prudence des fonds : ils investissent dans des startups qui ont déjà une certaine taille critique malgré leur anticipation des rachats par des grands acteurs du M&A comme Criteo.

Fintech : l’effet boomerang

La guerre de rachat des Fintech que mènent les grands groupes bancaires (type Société Générale ou Crédit Mutuel Arkéa) contre les géants du numérique (type Apple) et ceux de l’eCommerce (type Alibaba) offre de belles perspectives de rachat pour les startups du secteur.

Les investisseurs l’ont bien compris et ont décidé d’investir en 2015 des tickets en moyenne plus élevés qu’en 2014 (4,4M€ vs. 1,8M€) dans des entreprises à peine plus matures (3,4M€ de chiffre d’affaires vs 0,3M€). Et, de fait, cette prise de risque a été largement récompensée par la vague d’opérations M&A des derniers mois : Pumpkin, Compte Nickel, KissKissBankBank, Dalenys, Crédit.fr, etc.

Le secteur continue à être le mieux valorisé par les investisseurs mais ceux-ci semblent aller vers plus de prudence puisque le ticket moyen investi en 2016 diminue (3,1M€) et porte sur des startups plus matures (2,5M€ de chiffre d’affaires).

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Livraison/logistique : le gagnant prend tout

Le ticket moyen du secteur a augmenté de 0,8M€ en 2014 à 1,7M€ en 2016, pour des startups dont le revenu moyen est passé de 1,2M€ à 3,2M€. Les investisseurs parient sur la consolidation du secteur et cherchent le gagnant dans chaque catégorie qui absorbera les autres : livraison du dernier kilomètre eCommerce, fooding, etc.

eCommerce : travailler plus pour gagner moins

Le eCommerce est le secteur le mieux connu des investisseurs et le plus mature : le chiffre d’affaires moyen des startups de cette catégorie est passé de 3,9M€ en 2014 à 10,2M€ en 2016. Et pour autant le ticket moyen a diminué de 3,3M€ à 2,2M€, soulignant la stratégie de prudence des investisseurs dans le secteur. Croyant de moins en moins aux perspectives de sorties, ils limitent leurs risques en investissant dans des entreprises rentables qui peuvent être valorisées par leurs flux de cash.

Jobbing : un marché fragmenté

Le ticket moyen du secteur a augmenté de 2,5M€ en 2014 à 3,1M€ en 2016. Parallèlement, avec la fragmentation du secteur et la multiplication des nouveaux entrants, le revenu moyen est passé de 4,6M€ à 0,7M€. Ces deux tendances traduisent le dynamisme du marché du jobbing.

Le secteur connait un fort momentum d’investissement avec l’évolution du travail en France. L’offre s’est fragmentée par verticale : StudentPop pour les étudiants, Crème de la Crème pour les freelances, GoJob pour les intérimaires, Stootie pour les petits travaux, Brigad pour la restauration, Meero et OuiFlash pour la photo, etc.

Les investisseurs acceptent donc une prise de risque forte puisqu’ils anticipent de belles sorties et une forte consolidation pour le secteur sur les prochaines années.

L’étude sur laquelle repose cet article a été menée par Avolta Partners, soutenue par Bpifrance Le Hub et sponsorisée par PwC

« Cette étude apporte un éclairage unique aux acteurs de l’écosystème entrepreneurial français en matière de valorisation de startups. PwC offrant un accompagnement aux startups françaises à chaque étape de leur croissance de la création à l’introduction en Bourse, en passant par la levée de fonds, il nous a semblé important de soutenir Avolta Partners dans sa réflexion sur ce sujet. »

Marc Ghiliotti, Associé chez PwC, responsable de l’offre Smart Up destinée aux startups

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