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Qu’attendez-vous pour mesurer votre empreinte environnementale ? Si la réalisation d’un “Bilan GES” (ou bilan carbone) a été rendue obligatoire – depuis 2012 – pour toutes les entreprises de plus de 500 salariés, les jeunes sociétés innovantes sont également incitées à se lancer. C’était d’ailleurs le thème d’un webinaire organisé par Bpifrance le 10 décembre dernier. “Bilan Carbone : pourquoi et comment se lancer quand on est une start-up ?” Morceaux choisis.
1. C’est votre responsabilité d’entrepreneur de réaliser un bilan carbone
En raison notamment de l’absence de politique environnementale véritablement courageuse depuis plusieurs décennies, les défis à relever pour ralentir le changement climatique sont désormais immenses. Pour tenir l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré à la fin du siècle, il est nécessaire ainsi de diviser collectivement nos émissions de CO2 par deux d’ici 2030. Autrement dit : chaque individu, mais aussi chaque organisation, doit aujourd’hui faire sa part d’effort. Les jeunes sociétés innovantes n’échappent évidemment pas à cette règle.
La perspective d’Antoine Msika, Responsable de la transition écologique chez Shine.
“Pour diminuer ses émissions, une entreprise doit suivre un plan d’action en trois étapes. Mesurer ses émissions, les réduire et enfin tendre vers la neutralité carbone. Le bilan carbone répond à cette première étape. Qu’importe la méthodologie retenue : vous devez d’abord mesurer l’ensemble des émissions de CO2 liées à votre organisation pour pouvoir ensuite prendre des décisions et réduire l’impact carbone de vos activités. L’heure n’est donc plus à l’attente.”
2. La première version de votre bilan carbone sera un coup d’essai
Factures, mesures d’impact, externalités négatives… Pour être mené sérieusement, votre bilan carbone nécessite la recherche et l’analyse d’un grand nombre de données. Un travail fastidieux qui met souvent en lumière l’absence de certains indicateurs en interne. Comment mesurer l’empreinte carbone d’une action précise de votre organisation si aucune source chiffrée n’existe la concernant ? Pas de panique. Ce constat est partagé par de nombreuses entreprises lors de leur premier exercice de mesure. L’important est d’enclencher la démarche. “Ce qui compte c’est pas l’arrivée, c’est la quête” aurait dit Orelsan.
Le point de vue de Jean-Gabriel Levon, Chief Impact Officer chez Ÿnsect.
“La première fois que vous réalisez un bilan carbone ou une analyse de cycle de vie (ACV) de vos produits, vous comprenez rapidement que cet exercice ne va pas vous servir à grand chose. Pourquoi ? Parce qu’il vous manque des informations cruciales, par exemple parce que vos fournisseurs rechignent à vous transmettre certaines données. Ce n’est pas si grave car cette première version vous aidera à améliorer la deuxième. Chez Ÿnsect, nous avons commencé à réaliser régulièrement des ACV de nos produits en 2015. Ce n’est qu’en 2020 que nous avons commencé à les juger vraiment pertinentes car allant jusqu’à intégrer les effets rebond.”
3. C’est un outil stratégique pour la survie de l’entreprise
Pour une organisation, réduire son impact sur la planète n’est pas seulement une question d’engagement ou de responsabilité. C’est aussi un axe-clé pour assurer sa pérennité. Les entreprises qui ne se demandent pas aujourd’hui comment elles peuvent commercialiser le même service ou produit de façon plus responsable mettent en danger leur avenir. Face à l’urgence climatique, il y a fort à parier que les réglementations et les attentes des clients vont se tendre sur ces sujets. Mieux vaut anticiper, prendre de l’avance sur ses concurrents et s’engager sur la voie d’un avenir durable. À tous points de vue.
Le regard Audrey Yvert, Head of Impact chez OpenClassrooms :
“Chez OpenClassrooms, nous avons rapidement identifié que c’est la lecture de vidéos par nos étudiants qui représentait notre principal impact. Ce n’est pas un sujet si anodin. Nos émissions s’élèvent aujourd’hui à 800 tonnes de carbone par an, soit moins d’un kilo par étudiant. Cela peut sembler peu, mais en réalité, compte tenu de nos projections de développement à 10 ans, notre courbe d’émissions risque d’exploser. Le bilan carbone nous a permis de faire ce constat. Nous devons désormais trouver des solutions pour assurer la croissance de l’entreprise tout en limitant notre impact environnemental. »
Diag Décarbon’Action : un dispositif de Bpifrance et l’Ademe ciblé sur les TPE et PME
Le 6 octobre, Bpifrance a officialisé le lancement – en collaboration avec l’association Bilan Carbone – du Diag Décarbon’Action. Destiné aux TPE, PME et ETI de tous secteurs (dont l’effectif est inférieur à 499 salariés), ce dispositif propose un ensemble d’outils aux entreprises qui n’ont encore jamais établi de bilan GES mais qui souhaitent engager leur transition écologique et énergétique.
“Le Diag Décarbon’Action est un accompagnement de douze jours qui se déroule en trois phases :
- mesure des émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre (GES),
- co-construction du plan de transition,
- et valorisation de la transition pour engager le passage à l’action.
Son coût est de 10 000 euros par entreprise, mais il est fortement subventionné par l’ADEME. Cette aide peut s’élever jusqu’à 60% pour les entreprises de moins de 250 salariés. Pour les dirigeants, c’est donc une opportunité à saisir sans tarder” explique Julie Giovannetti, responsable Conseil Stratégie & Organisation chez Bpifrance. Dans la limite de l’enveloppe disponible, le Diag Décarbon’Action devrait bénéficier à plusieurs centaines de sociétés. Il apparaît comme une solution complémentaire au Diag Eco-Flux et aux outils d’auto-diagnostics également proposés par Bpifrance aux entrepreneurs.
Responsable Opérations et Customer Success, Caroline Micheletti-Lacan participe à l’amélioration continue et à la valorisation du programme d’accompagnement du Hub de Bpifrance. Elle contribue également à l’accompagnement des participations Bpifrance sur les sujets Impact.