PropTech #2 – De la construction à l’usage, en passant par la gestion : l’envol de l’écosystème Proptech
Le mouvement de la Proptech a été créé depuis plus de 3 ans par des entrepreneurs. Aujourd’hui, il prend de plus en plus d’ampleur en représentant plus de 250?000 start-ups et scaleups. En plus des 350 millions d’euros investis dans les start-ups, plus de 4?000 emplois ont été créés.

En réalité, le secteur de l’immobilier a un impact économique et social important avec le retail, qui représente 8 % des emplois et 6 % du PIB. L’immobilier est une industrie par nature «?immobile?». Il faut donc être innovant et pertinent pour garantir une économie immobilière en constante évolution aux habitants. C’est-à-dire mettre en relation les start-ups et scaleups avec de grands groupes qui souhaitent contribuer à cette innovation.
Grâce aux dispositifs de financement et d’investissement mis en place par BPI France, les corporates, les PME, les ETI ainsi que les associations souhaitant s’inscrire dans une démarche d’innovation pourront mener à bien leur projet.
L’existant sur le monde de la Proptech en France et à l’étranger
De 2010 à 2020, le montant investi dans le secteur de la Proptech s’élève à 9,03 milliards d’euros. En 2021, la France compte 628 millions d’euros investis, l’Allemagne, 666 millions d’euros et le Royaume-Uni, 1,6 milliards d’euros. Si l’on se penche davantage sur l’Asie et les États-Unis, on observe un investissement de 63 milliards pour les Américains et de 23 milliards pour les Asiatiques (avec seulement 1?500 start-ups).
Le secteur étant en plein essor, de plus en plus de start-ups et scaleups se développent. Même si l’Europe compte actuellement plus de 3?200 start-ups et scaleups, celles-ci trouvent plus facilement des investisseurs aux États-Unis ou en Asie, qui sont prêts à investir des sommes beaucoup plus importantes. La decision making process est beaucoup plus court et pragmatique de leur côté.
La place de l’innovation et du digital
“Il est urgent d’innover pour durer”, Pierre LEROY, Président the French Proptech.
Chez Procivis, une partie des bénéfices de leurs sociétés est détenue pour la réhabilitation et la rénovation énergétique.
De nos jours, les villes, les aspirations des citoyens, les manières de se déplacer évoluent. Toutefois, l’innovation est indispensable pour atteindre ses objectifs surtout dans le secteur du GreenDeal qui a pour objectif de transformer l’Europe en un continent «?climatiquement neutre?» d’ici 2050.
Ainsi, l’accès aux datas n’est pas négligeable, surtout pour les grands groupes qui se tiennent à jour sur les nouveaux arrivants de leur marché. Par exemple, aux États-Unis, les datas personnelles sont moins contraignantes et ont une valeur très importante. Ces datas revendues aux entreprises permettent à celles-ci d’imaginer les besoins futurs émanant des villes, d’anticiper les contraintes d’édification de bâtiments selon les nouvelles lois et de mesurer les besoins matériaux dus à la hausse des prix.
En réalité, les grands groupes craignent les innovations qui peuvent submerger des Proptech. Beaucoup d’entre eux déploient des moyens, jusqu’à les racheter par crainte. De ce fait, la pure innovation (technologique ou d’usage) proviendra assurément de start-ups naissantes dotées d’envie et d’un œil nouveau capable de s’adapter au marché.
Le financement des Proptech
«?Ne pas hésiter à aller contacter un maximum d’investisseurs.?», Caroline LEBEL, Directrice d’Investissement Large Venture BPI France.
Pour pouvoir obtenir des financements, les start-ups doivent présenter un projet d’innovation technologique forte ou d’usage, comme réfléchir sur la décarbonisation du ciment qui représente 10 % des émissions de carbone mondial global ou évoluer sur des bâtiments axés sur le partage. Néanmoins, il faut aussi avoir constitué au préalable un dossier d’investissement complet (les metrics clés à analyser, la croissance sur le marché et son positionnement face à celui-ci, le nombre de bâtiments nécessaires pour le projet…).
À l’échelle mondiale, les fonds d’investissement immobiliers commerciaux s’élèvent à plus de 30?000 milliards de dollars d’actifs. Cependant, même s’il y a de plus en plus de fonds spécialisés en Proptech sur le marché, il est très difficile de réussir sans levée de fonds. En fait, la moitié des start-ups Proptech en Europe sont en phase de validation et 55 % d’entre elles ont moins de 10 employés à temps plein. En quelques chiffres, 83 % des start-ups et 23 % des scaleups en Europe font faillite. De ce fait, les grands groupes préfèrent investir sur les late stage.
Il y a 5 ans, seulement 6 fonds propres ont été dédiés pour la Proptech en Europe. Aujourd’hui, on en comptabilise 37. Pourtant 44 % de Proptech partent au bout de 5 ans d’activité. Il faudrait toutefois davantage de fonds propres pour permettre d’offrir des montants suffisamment élevés aux Proptech afin de les inciter à rester se développer en France.
Impact investing : enjeux sociaux, environnementaux et écologiques
La mesure de l’impact investing est indispensable lors du financement des start-ups. Si celles-ci contribuent à l’amélioration de l’environnement ou à la réduction de CO2, leurs investisseurs ont tout intérêt à les financer. Tout aussi longtemps que la start-up et l’investisseur opèreront, l’impact positif généré par la start-up lié à l’environnement contribuera de même à la performance du fond de l’investisseur sur les plans du climat et de l’impact.
Dans l’optique de participer à cet impact investing, il est important de faire connaître les impacts positifs et de les faire valoir dans les milieux du quotidien, comme au travail. Cela peut se refléter par la manière de vivre, le process de recrutement, etc.
À l’échelle mondiale, le secteur de l’immobilier contribue à 35 % de l’impact environnemental. Ainsi, il est essentiel de diagnostiquer les matériaux réutilisables. S’en suit le débat de la comptabilisation de crédits carbone et de la rentabilisation pour l’entreprise.
D’un point de vue ESG, il faut prendre ces sujets au sérieux et entrer de plus en plus tôt dans des démarches de reporting afin de les marketer et d’être le plus transparent possible. Éventuellement, se lancer dans des certifications corporations B-corps et autres est également possible.
En parallèle, avec l’école et l’apprentissage, il faut sensibiliser les plus jeunes et les plus âgés à ces enjeux pour la ville de demain?!
Antoine Sternchuss