Le Corporate Venture Capital* s’impose en France comme un segment majeur du capital risque. Est-ce une bonne nouvelle ? Schématiquement, oui, réconciliant économie réelle et financement de l’innovation. Cependant, certains entrepreneurs et VCs financiers restent sceptiques. Car toute la valeur d’un tel investissement réside dans la pertinence et la clarté de la stratégie définie, ainsi que dans l’exécution du deal et la concrétisation des apports mutuels entre Corporate et startup.
Chahuté par le passé, le Corporate Venture connaît aujourd’hui en France un nouvel essor. Le nombre de transactions explose (x4 en 2016) et de plus en plus de Corporates créent leur propre fonds (Safran, Orange, Engie, etc.). Cette croissance reste relative et la France est loin derrière les USA, Google Venture ou Intel Capital atteignant les milliards de dollars investis contre nos fonds à quelques millions.
Au-delà de la dynamique en volume, c’est la qualité de l’investissement qui est en question. Le Corporate Venture ne s’improvise pas. Il est l’affaire de spécialistes et doit se professionnaliser. Les équipes doivent être chevronnées et aguerries à l’investissement, pour éviter les conflits d’intérêt et toujours agir en actionnaire compétent dans l’intérêt de la croissance de la startup. Plus encore, c’est une stratégie claire et partagée de création de valeur réciproque qui doit déterminer l’investissement. Pour la startup, du « smart money » : apport financier mais surtout accès à l’expertise, à une plateforme de distribution et à un marché privilégié. Pour le Corporate, de la veille technologique à la potentialité d’une nouvelle ligne de métier. Le plus délicat, mais aussi le plus essentiel, est la mise en œuvre de ces synergies, sans interférer dans la gestion de la startup, mais avec l’obsession de réaliser cette valeur. Ceci implique des choix forts d’organisation, de gouvernance et d’hommes.
Le M&A Tech est sous-développé en France. Le Corporate Venture peut en être une antichambre, pour autant que la trajectoire soit pertinente et partagée par les deux parties. Là encore, on compte sur les Corporates pour monter en compétence et donner la priorité à la vision stratégique.
* investissement direct minoritaire par une grande entreprise dans une startup
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Directrice du Hub de Bpifrance, Cécile Brosset est passée par Bain & Company avant de devenir directrice du développement au sein de la direction de l’innovation de Bpifrance, où Cécile remarque un besoin dans l’accompagnement des entreprises et crée le Hub pour connecter les startups avec les grands groupes.