NumWorks est une société hardware qui commercialise une calculatrice graphique nouvelle génération et s’est donné pour ambition de dépoussiérer ce marché vieillissant et oligopolistique.
Retour sur les 6 années d’aventure de NumWorks avant son rachat par Aldebaran Capital Partners.
De la rencontre à l’investissement
Fin 2015, Romain Goyet et Jean-Patrice Anciaux, alors investisseur chez Digital Venture, se rencontrent.
A ce moment-là, mis à part le deck qu’il nous avait fait parvenir, nous ne connaissions de Romain que son brillant CV : polytechnicien, ancien ingénieur d’Apple ayant travaillé sur l’application Mail de l’iPhone, et fondateur d’une agence de développement d’applications mobiles (Applidium, revendue à Fabernovel).
Ce parcours impressionnant indiquait déjà qu’il maîtrisait tout ce qui concernait l’ergonomie et l’expérience utilisateur en matière de technologie. Ce qui ressortait dans son premier pitch pour présenter NumWorks : concevoir une calculatrice graphique à destination des lycéens offrant une nouvelle proposition de valeur pour disrupter le marché ; sa vision était de proposer une calculatrice design, plus avancée que les calculatrices du marché et fonctionnant de manière ouverte.
Romain est parti d’un parallèle convaincant entre le marché des calculatrices graphiques et celui des téléphones mobiles, il faisait le constat que, contrairement aux téléphones mobiles, les calculatrices graphiques n’avaient connu aucune innovation majeure depuis 20 ans en termes de fonctionnalités (mobiles : puissance, écran tactile, multimédia, connectivité, …) et de design (mobiles : smartphones tactiles). Pour lui, il s’agissait d’une réelle anomalie expliquée par la nature oligopolistique du marché où Casio et Texas Instruments étaient archi dominants.
Miser sur un projet hardware dans le domaine de l’éducation était un pari ambitieux pour un fonds VC en 2016. Solo founder, sans produit ni équipe, nous avons tout de même été conquis par la vision que Romain nous a présentée.
Nous avons finalement leadé un tour de table en pre-seed, via notre fonds F3A, premier fonds Seed géré par Digital Venture, aux côtés de Kima Venture et de Business Angels (mi-2016).
Selon Romain, l’investissement du fonds F3A a été essentiel et a permis à la société « de contribuer à améliorer l’enseignement des matières scientifiques en France et à créer de l’emploi. »
En étant présent au board de NumWorks dès l’origine, Digital Venture a été un témoin et un acteur privilégié de cette aventure.
Romain Goyet et NumWorks ont relevé de nombreux challenges ces 6 dernières années et ont fait preuve d’une efficacité remarquable, loin des idées reçues concernant les projets hardware.
De l’idée à l’industrialisation
Pour réussir son product market fit, Numworks a développé sa calculatrice avec un processus de conception centré sur l’utilisateur, en collaboration avec plusieurs professeurs de mathématiques.
Après moins de 18 mois de développement, le premier batch a été lancé à la rentrée 2018. La stratégie a été de proposer (à t=0) une technologie en rupture avec les produits disponibles sur le marché (performants mais très complexes à utiliser), en privilégiant l’ergonomie et le design dans un premier temps.
Avec une core team de 5 personnes, ils ont relevé les nombreux défis rencontrés lors du lancement du hardware :
- Choisir des composants a nécessité une qualification minutieuse.
- Trouver et convaincre les fournisseurs adéquats de lancer une ligne de montage a demandé beaucoup d’efforts.
- Gérer des sujets de conformité (ex : batterie lithium) était une nouveauté pour eux.
- Planifier la logistique des produits de l’usine jusqu’au domicile des clients pour garantir une livraison fluide et ponctuelle.
Pour relever ces défis, l’appui de Frédéric Potter, business angel de la première heure et entrepreneur à succès (Cirpack, Netatmo) a été clé. La combinaison de ces efforts a permis à NumWorks de réussir avec brio le passage d’une idée sur PowerPoint à une calculatrice innovante.
Des itérations sur le product market fit
NumWorks s’est par la suite créé une réelle communauté d’utilisateurs : en se mettant à la place des professeurs et en leur donnant accès facilement à une calculette, les équipes ont pu comprendre rapidement leurs besoins et les intégrer dans les mises à jour ultérieures (par exemple : possibilité de visualiser interactivement une tangente dans un tracé de courbe de fonction).
Les ingénieurs produits de NumWorks ont toujours passé plus de 50% de leur temps en contact avec les professeurs. Ainsi, une des raisons majeures du succès de la startup est d’avoir mis les 35 000 professeurs de mathématique de lycée au centre du produit, mais aussi de sa stratégie de go-to-market.
Un go-to-market reposant sur une solide communauté
Numworks a commencé par vendre sa calculette en ligne, ce qui a permis de garder un lien direct avec ses clients. La startup a fait le choix de s’appuyer sur les enseignants, qui ont joué le rôle d’ambassadeur et de prescripteur vis à vis de leurs élèves.
La croissance et la popularité grandissante de la calculette Numworks lui ont permis d’être présente dans 5 pays différents (Europe et Amérique du Nord), avant de se faire une place sur les rayons des grandes surfaces.
La cession à Aldebaran Capital Partners : un nouveau chapitre commence
Romain a su s’entourer d’une équipe exceptionnelle (une vingtaine de salariés en 2023) qui lui a permis de cocher toutes les cases pour réussir le projet. En ne levant qu’une seule fois, NumWorks a été un modèle d’efficacité au cours de ces 6 années d’aventure.
Au début de l’année 2023, des contacts ont eu lieu entre NumWorks et le fonds Aldebaran Capital Partners. Le management et le board ont pensé que cette alliance permettrait à NumWorks de disposer des moyens pour devenir un acteur international majeur des solutions pédagogiques pour l’apprentissage des matières scientifiques. Avec l’apport de ressources financières, opérationnelles et stratégiques, Aldebaran va soutenir NumWorks dans son expansion internationale et le développement de son offre, qu’elles soient sous forme hardware ou software.
Nous sommes fiers de la trajectoire de Numworks, de Romain Goyet et ses équipes et nous tenons à les féliciter pour l’immense succès qu’ils ont construit.
Bonne continuation et à bientôt,
L’équipe Digital Venture