Matériaux du futur : Des opportunités pour les industries créatives
17 juin 2025
De 09h00 à 11h30

Présentation de l'événement
Matériaux du futur : de l’idée au marché, la vraie bataille commence
Ce que les pionniers de la matière durable apprennent du luxe, de l’industrie et du capital-risque.
Le 17 juin, au Hub Bpifrance, la conférence Matériaux du futur, coorganisée avec la French Touch, posait une question frontale : comment faire passer les matériaux innovants — cultivés, recyclés, bio-inspirés — du statut de prototype inspirant à celui de standard industriel ? Autour de la table, quatre voix qui vivent ce défi au quotidien : une investisseuse-activatrice, deux fondateurs de biotech industrielles, et une intrapreneuse du luxe. Ce qu’ils partagent : la certitude que la créativité ne suffit pas — il faut aussi un plan d’exécution.
Christine Goulay, CEO de Sustainabelle Advisory Services
Haïkel Balti, CEO de Faircraft
Cyrile Deranlot, CEO de Daumet
Bérengère Lagraulet, Sustainability Innovation Lead chez Balenciaga
Une adoption inévitable, mais encore inégale
Christine Goulay l’affirme d’entrée : “Toutes les conditions sont réunies”. La dynamique réglementaire s’intensifie (pressions sur le coton, exigences RSE renforcées), les investisseurs s’éveillent (2 Mds $ levés dans la “next-gen materials tech” en 10 ans), et les marques déclarent des objectifs durabilité de plus en plus précis. Mais le passage à l’échelle reste lent, fragmenté, et souvent trop coûteux. L’étude qu’elle publie (Next Gen to This Gen) identifie les freins : coûts de production, défaut de standardisation, manque de hubs techniques. Sa réponse : aligner les incentives et créer des infrastructures mutualisées.
Faircraft : industrialiser sans casser la science
Pour Haïkel Balti, la réussite repose sur une maîtrise interne du cycle complet — de la R&D à l’outil de production. « On a fait le choix de construire nous-mêmes nos machines. C’est la seule façon de garantir la scalabilité sans compromis. » Mais cette intégration a un prix : recrutement complexe, délais industriels longs, et besoin d’investisseurs patients. Il défend pourtant ce modèle “full stack”, capable de générer de la résilience dans un secteur où l’offre industrielle ne suit pas.
Chez Balenciaga, la matière doit séduire — pas juste cocher une case
Bérengère Lagraulet parle en opérationnelle. Elle gère l’intégration des nouvelles matières dans l’une des maisons les plus exigeantes du marché. “On ne fera jamais entrer une matière juste parce qu’elle est verte. Elle doit séduire le studio, performer, et tenir le rythme du développement produit.” Pour elle, la clé est d’impliquer les designers en amont, de leur montrer que ces matériaux ouvrent de nouveaux récits, et pas seulement des contraintes. La pédagogie devient stratégique.
Daumet : quand la rareté devient un actif industriel
Cyrile Deranlot développe un alliage d’or blanc unique, déjà adopté par plusieurs maisons. Mais l’innovation, ici, ne repose pas sur le storytelling : elle répond à un besoin marché précis, amplifié par la montée des diamants de synthèse. “Avec l’or blanc, on est 12 dans le monde à savoir faire ce qu’on fait. Le timing est bon, mais il faut livrer.” Daumet prévoit une industrialisation en Suisse dès l’été, avec un enjeu critique : produire vite, sans diluer la spécificité du matériau.
Ce qu’il manque : des modèles économiques adaptés
Christine Goulay résume : “On n’est pas en manque d’idées, mais de playbooks.” Contrairement au software, les matériaux exigent 10 à 40 ans pour atteindre leur pleine maturité. Or, les fonds traditionnels attendent un retour sous 5 ans. D’où l’idée du Sustainable Materials Syndicate : un collectif de 40 VC pour apprendre ensemble à investir dans ces modèles, en acceptant une autre temporalité, et en mutualisant l’analyse.
Conclusion : la matière, un sujet business avant d’être un sujet RSE
Ce que montre la table ronde, c’est que le futur des matériaux ne se jouera pas seulement sur leur performance écologique ou technique — mais sur leur capacité à convaincre un studio, séduire un client, s’intégrer dans une supply chain, générer du revenu. La matière redevient stratégique. Non pas comme contrainte, mais comme moteur de différenciation produit, levier industriel, et actif économique. Ce n’est plus un sujet à part. C’est le cœur du business.
Les intervenants
Programme
9h00-9h15
ACCUEIL
Petit-déjeuner
9h15-9h30
INTRO
Christine Goulay, CEO du cabinet Sustainabelle Advisory Services
9h30-10h30
TABLE RONDE
Christine Goulay, CEO du cabinet Sustainabelle Advisory Services
Bérengere Lagraulet, Sustainability Innovation Lead chez Balenciaga
Haïkel Balti, CEO de Faircraft
Cyrile Deranlot, CEO de Daumet
10h30-11h15
Petit déjeuner et networking
Informations pratiques
Horaire et lieu
De 09h00 à 11h30
Bpifrance - Le Hub - 4ème étage 6-8 boulevard Haussmann
75009 Paris
