Le rôle du CFO face au changement climatique – REX déjeuner d’échange

À l’initiative du Club CFO de Bpifrance Le Hub, un déjeuner d’échange a réuni plusieurs décideurs pour décrypter les transformations à l’œuvre dans les fonctions financières. Face à l’émergence de nouvelles obligations – CSRD, bilan carbone, taxonomie européenne – les CFO voient leur périmètre s’élargir bien au-delà du financier. Conscients que leur rôle évolue, ils ont souhaité mieux comprendre les enjeux climatiques qui redessinent leur métier.
L’occasion de revenir sur le témoignage de Xavier Reboul, DGA du Groupe Ateliers de France, qui a piloté une stratégie climat structurée, avec une conviction forte : ne pas attendre que la loi vous y oblige.

Climat : agir tôt, c’est agir mieux

Chez Ateliers de France, le sujet climat a été pris à bras-le-corps dès 2022. Le groupe a préféré prendre les devants plutôt que de subir la contrainte réglementaire. Et pour une bonne raison : plus on agit tôt, plus la transformation est fluide, économique, et crédible.

“Une entreprise de 20 personnes peut structurer sa trajectoire bien plus simplement qu’un groupe de 500. Il ne faut pas attendre.” — Xavier Reboul

Depuis le début, la direction générale a donné son mandat stratégique, permettant à un noyau restreint de structurer la démarche : le DGA, la DRH, une chargée de mission RSE/ESG et un réseau d’ambassadeurs dans les filiales, souvent des CFO. Ce socle de gouvernance a permis un pilotage pragmatique, adapté à la réalité terrain.

Commencer petit, apprendre vite, progresser ensemble

“Il y a 4 ans, je ne connaissais rien au climat.” — Xavier Reboul

C’est pourtant lui qui, aujourd’hui, porte la stratégie climat du groupe. La méthode : y aller étape par étape, sans prétendre tout maîtriser d’entrée.
Les premières actions ont pris la forme de tests sur quelques filiales, suivies d’un bilan carbone complet, puis d’une analyse de double matérialité et d’un rapport extra-financier. Le fil conducteur ? La méthode ACT Pas à Pas, soutenue par l’ADEME. Elle propose une entrée accessible à la stratégie bas carbone, avec des jalons clairs et progressifs.

“Rien ne sert de viser la perfection d’entrée. Le plus important, c’est d’entrer dans la démarche et de progresser chaque année.”

Des bénéfices concrets et tangibles

À l’origine, il y avait une obligation. Aujourd’hui, c’est devenu un élan. Car au-delà du cadre réglementaire, la trajectoire carbone engagée a produit des effets bien plus profonds qu’anticipé.

Elle a d’abord réveillé une fierté collective. Les équipes se sont emparées du sujet, pas seulement par devoir, mais parce qu’elles y ont vu du sens. Parce qu’elles ont compris qu’elles contribuaient à quelque chose de plus grand qu’elles : un projet structurant, porteur d’avenir.

Très vite, la démarche s’est révélée différenciante sur le terrain commercial. Certains clients, à l’instar de LVMH ou Hermès, n’attendent pas seulement des produits irréprochables : ils valorisent la capacité de leurs partenaires à prendre position, à s’engager, à amorcer une vraie transition.

Du côté des partenaires financiers, même constat : un prêt SLL a été octroyé, indexé sur des objectifs concrets de décarbonation. Preuve que l’engagement environnemental peut aussi consolider la confiance économique.

Et parfois, l’impact se niche là où on ne l’attend pas : ici, dans le développement d’un service de traçabilité carbone pensé pour les clients. Preuve qu’une contrainte, bien apprivoisée, peut devenir un levier d’innovation.

Le CFO, acteur clé de la transition

 L’un des messages forts du déjeuner : la transition climatique est une affaire de pilotage. Et à ce titre, le rôle du CFO est stratégique.
Chez Ateliers de France, ce sont souvent les RAF ou CFO des filiales qui ont été identifiés comme relais naturels du dispositif. Pourquoi ? Parce qu’ils disposent déjà des données, des outils, et des réflexes d’analyse.

“Un bilan carbone, ce n’est pas de la rocket science. C’est des quantités multipliées par des facteurs d’émission. Donc c’est fait pour un CFO.” — Xavier Reboul

Du côté des experts, même constat. Carbone 4 insiste sur la proximité entre comptabilité classique et comptabilité carbone. Et pour accompagner cette transition, le cabinet propose une formation dédiée aux financiers :
“Devenir un expert financier du climat : Climat, Finance, Taxonomie, Réglementation”

https://www.carbone4.com/training/climate-and-finance

Conclusion : anticiper pour transformer avec impact

Face aux nouvelles attentes réglementaires, les CFO ne peuvent plus rester spectateurs. Ils sont appelés à devenir des pilotes de la transformation bas carbone, à la croisée des données, des risques et des décisions stratégiques.

Avec l’appui d’un collectif engagé, et l’accompagnement de structures comme Bpifrance Le Hub, ils peuvent passer du rôle d’exécutant à celui de co-stratège de la transition.