La ChemTech : 251 startups au service de la croissance de la chimie en France

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Le secteur de la chimie tient une place déterminante au sein de l'économie française. Regroupant près de 4000 entreprises, dont des leaders mondiaux massivement exportateurs, la chimie se trouve aujourd'hui à la confluence de la DeepTech et de la transition environnementale. Domaine vecteur d'innovation, la chimie constitue un des axes majeurs de réponse aux enjeux climatiques. C'est pourquoi Bpifrance et France Chimie ont réuni pour la première fois le 10 mai dernier les grands groupes, PME, ETI de la chimie et les startups de la ChemTech, pour échanger sur les enjeux du secteur et l'importance de la collaboration au service de l'innovation.

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Un des objectifs de la journée était  de comprendre en quoi la chimie et ses innovations permettent à la France de demeurer un acteur majeur et de répondre à ses défis à venir. Des représentants des entreprises leaders sur leur secteur se sont exprimé sur le sujet :

  • Nawa Technologies, startup spécialiste de l’utilisation du carbone dans des solutions énergétiques ;
  • Solvay, leader mondial dans le domaine des matériaux et produits chimiques?;
  • Arkema, leader développeur et producteur de matériaux de spécialités?;
  • Nova, par le groupe Saint-Gobain, leader de l’habitat durable et des matériaux de construction.

 

Les atouts de la France dans le secteur de la chimie

La création d’une entreprise dans le secteur de la chimie s’avère difficile, autant dans la réalisation des projets que dans la recherche d’investissement. C’est pourquoi il est nécessaire de soutenir ces initiatives, vectrices d’innovation. Derrière l’organisation d’un mapping des startups de la ChemTech, Bpifrance et France Chimie soulignent l’importance de la création d’une communauté autour de la chimie. Il s’agit en effet d’un secteur encore méconnu, pourtant pilier d’autres industries et domaine en constante évolution depuis une quinzaine d’années.

Le monde académique, point de départ de l’innovation

Le territoire français présente de nombreux avantages pour le domaine chimique. La prise de conscience de l’importance de la chimie dans l’innovation débute dès l’école, avec l’intervention essentielle des industriels dans les lycées, dans le but de sensibiliser les élèves au sujet. Bien consciente de la nécessité de cette démarche, l’entreprise Solvay envoie régulièrement ses ingénieurs dans les classes pour parler de la chimie et de ses applications, notamment des solutions qu’elle peut apporter aux problèmes globaux et environnementaux connus. Par ailleurs, le pays dispose d’un très bon niveau de recherche et de formation grâce aux universités, écoles et organismes de recherche, qui favorisent l’accès à l’innovation.

La relation clé entre les grands groupes et les startups

En France, les grands groupes de l’industrie chimique établissent aujourd’hui de plus en plus de relations avec les startups. Cela passe par la recherche d’investissement, mais également par la connaissance des besoins des startups et un partage de l’expérience et de l’expertise des leaders. Les startups, quant à elles, apportent des technologies de rupture, complémentaires à l’offre des grands groupes.

Ce rapprochement entre le monde académique, le monde industriel (PME, ETI et grands groupes) et le monde des startups, de plus en plus visible depuis une dizaine d’années, constitue aujourd’hui un véritable atout de la France dans le domaine du développement de la chimie.

 

Les défis auxquels la chimie doit faire face

Le monde fait aujourd’hui face à des enjeux majeurs en matière de technologie et d’environnement :

  • L’énergie, dans la conception, par exemple, de réservoirs hydrogènes, ou de nouvelles batteries plus écoresponsables?;
  • La mobilité, avec l’émergence de l’impression 3D et des matériaux composites?;
  • Le traitement de l’eau par des procédés plus écologiques?;
  • L’urbanisation, avec le développement de nouveaux matériaux, notamment des adhésifs et des moyens de construction durables?;
  • Le recyclage et la gestion des ressources renouvelables, avec la nécessité de se rapprocher d’une économie circulaire.

En réponse à ces enjeux énergétiques, des entreprises comme Arkema, Solvay, et Saint-Gobain se sont toutes mobilisées pour apporter des solutions durables avec l’aide de leurs services de R&D, mais également via des collaborations identifiées par leurs CVC et Directions d’Open Innovation. Ces solutions passent par l’analyse des mesures nécessaires sur l’impact de l’utilisation des intrants dans les procédés ou encore la sensibilisation auprès des établissements scolaires avec des ingénieurs et techniciens pour faire face aux problèmes globaux environnementaux.

L’importance des startups dans la recherche d’innovations

Avec les défis actuels, les grands groupes prennent de plus en plus conscience de l’importance d’innover dans leur recherche de solutions. À mi-chemin entre le monde académique et le monde industriel, les startups constituent le lien idéal entre les centres de recherche et la réalisation de ces solutions. Le groupe Saint-Gobain a bien saisi l’importance de faire appel à des entrepreneurs en créant Nova, qui a pour objectif de cibler des startups fortes d’idées novatrices. En effet, les startups apportent de nombreuses innovations que les grands groupes n’avaient pas forcément envisagées, se positionnant sur des marchés plus actuels et très au fait des problématiques nouvelles.

Les tendances dans l’écosystème de la chimie

La transition écologique fait partie des défis auxquels nous faisons face depuis quelques années, de manière globalisée. La chimie ne fait pas exception, et cette transition se fait à deux niveaux :

  • Dans la conception de nouveaux produits, plus responsables, plus pérennes, avec des matériaux durables?;
  • Dans  les méthodes de production, avec l’émergence de la chimie verte, qui utilise des ressources renouvelables et de la biotechnologie, sur lesquels bon nombre de startups se positionnent.

L’objectif de cette transition consiste à reproduire l’efficacité et la performance des matériaux pétro sourcés avec des matériaux biosourcés. Il est donc nécessaire de réaliser des analyses économiques en visant à réduire l’impact écologique des productions. Nawa Technologies s’inscrit parfaitement dans cette transition énergétique en réduisant le cobalt et le manganèse par le développement et l’industrialisation d’un matériau d’électrode unique sur de super condensateurs, sur des batteries du futur, sur le stockage de l’hydrogène, sur le câble carbone…

On observe également une envie et un besoin, notamment après la crise du Covid19, de réduire les chaînes d’approvisionnement pour favoriser l’ancrage local. Cela se retranscrit par des investissements plus importants en France et en Europe, et une production d’intrants qui devient essentielle.

Avec le recensement des 251 startups de l’écosystème de la ChemTech, on remarque l’émergence de plus en plus de ces startups qui souhaitent développer des innovations de ruptures avec des cycles longs de développement. Ce mouvement est encouragé par le financement massif de l’État dans le cadre du plan France 2030, et une accélération du développement de ces premières unités de production.

En recensant l’écosystème de la ChemTech sous forme d’un mapping, Bpifrance et France Chimie ont pour intérêt commun de donner de la visibilité aux startups d’un écosystème en plein mouvement tout en proposant un décryptage de ce dernier pour les corporates.

Ce premier débat a permis d’établir les problématiques d’aujourd’hui, et de comprendre en quoi la chimie peut être vectrice d’innovations, notamment en établissant un contact entre les grands groupes et les startups. La deuxième table ronde organisée dans le cadre de la journée «?ChemTech, tout un écosystème?» met en lumière des partenariats bénéfiques entre plusieurs grands groupes et startups.

Antoine Sternchuss

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