Lever des fonds en 2025 : ce que veulent vraiment les investisseurs

Dans un marché en pleine mutation, les codes de l’investissement évoluent. Bpifrance Le Hub, partenaire opérationnel des startups et scale-ups investies par les fonds d’innovation de Bpifrance, soutient leur croissance à travers un accompagnement sur mesure : mise en relation avec des investisseurs, structuration des levées de fonds, développement commercial, recrutement stratégique et actions de visibilité.

Le 13 mai 2025, Bpifrance Le Hub a organisé une conférence dans ses locaux parisiens, réunissant des figures de l’investissement pour décrypter les nouvelles attentes des fonds. Objectif : comprendre comment convaincre des investisseurs de plus en plus sélectifs, se démarquer efficacement et éviter les erreurs critiques.

Autour de la table :

• Arnaud Helle, Growth Investor chez Bpifrance – Large Venture Fund
• Clarisse Blandin, Investment Director chez Bpifrance – Digital Venture
• Arthur Porré, Founding Partner chez Avolta
• Michael Jais, CEO de Launchmetrics
• Céline Passedouet, VC Deep Tech chez Elaia

Ce que les investisseurs veulent vraiment : Founder Market Fit, scalabilité et résilience.

Pour les investisseurs, l’époque où l’on pariait à l’aveugle est révolue. “Chez Elaia, on ne cherche pas seulement des projets technologiques, mais des entrepreneurs capables de transformer une idée en un produit impactant. Le founder market fit, c’est plus que des compétences, c’est une vision, un leadership et une capacité à exécuter dans l’incertitude.” explique Céline Passedouet.

En Seed, les fonds cherchent des équipes capables de montrer une cohésion forte, une capacité à pivoter et une vision claire du marché. En 2024, plus de 70 % des levées Seed soutenues par Elaia ont concerné des startups capables de prouver leur product-market fit dès les premiers mois. En Série A, le focus se déplace sur l’exécution, la structuration, et les premiers chiffres de croissance. Le chiffre d’affaires annuel devient un indicateur clé, et les investisseurs s’attendent à voir un ARR (Annual Recurring Revenue) supérieur à un million d’euros pour sécuriser un tour de table. Quant à la Série B, les attentes se cristallisent autour de la scalabilité et de l’implantation internationale.

“L’époque où l’on investissait sur un simple critère de croissance ou d’hyper-croissance est terminée. Aujourd’hui, on veut une stratégie claire, une stratégie de croissance mais aussi de gestion maitrisée des dépenses.” martèle Clarisse Blandin.

Éviter les erreurs fatales : structuration, préparation et storytelling

Lever des fonds est un marathon, pas un sprint. Arthur Porré, secrétaire fondateur d’Avolta, insiste sur les erreurs récurrentes des entrepreneurs : manque de préparation, deck flou, prévisions irréalistes. “La levée de fonds, ce n’est pas juste une présentation PowerPoint. Les investisseurs attendent une rigueur financière, une clarté dans les données et une capacité à anticiper les scénarios de croissance. L’histoire que vous racontez doit être tangible, ancrée dans le réel, pas seulement séduisante.”

Le storytelling, bien structuré, devient alors un outil stratégique. Les investisseurs ne veulent pas seulement des chiffres, ils veulent comprendre le chemin parcouru, les difficultés surmontées, et comment l’entreprise se distingue sur son marché. En 2024, près de 30 % des dossiers présentés à Avolta ont échoué faute d’un plan financier réaliste et d’une anticipation claire de la trésorerie.

Préparer l’exit dès le premier tour de table

Michael Jais, CEO de Launchmetrics, ne mâche pas ses mots : “Notre stratégie d’acquisition chez Launchmetrics n’était pas seulement opportuniste. Chaque cible était choisie pour sa complémentarité stratégique, sa capacité à renforcer notre position sur le marché et à accélérer notre croissance.”

Le succès d’une startup ne repose pas uniquement sur la levée, mais sur sa capacité à se projeter vers l’exit. IPO, acquisition stratégique, ou rachat industriel, les investisseurs veulent voir un plan clair dès les premiers tours de table. En 2024, plus de 60 % des sorties réalisées par les fonds de Bpifrance ont été le fruit de stratégies d’acquisition planifiées dès le Seed.

Les 5 conseils à retenir de l’événement

• Le founder market fit prime sur le produit. Les investisseurs veulent voir une équipe solide, résiliente et visionnaire.
• Préparez votre pitch comme une machine de guerre. Les données doivent être claires, structurées, et ancrées dans le réel.
• Montrez un modèle économique cohérent. Les investisseurs fuient les prévisions irréalistes et les business models flous.
• Anticipez l’exit dès le premier tour. Pensez stratégie de sortie dès la levée de fonds.
• Maîtrisez votre burn rate. Chaque euro doit être justifié, surtout dans un contexte de marché tendu.

L’oeil de l’investisseur

Arnaud Helle a insisté sur l’importance de structurer chaque étape du financement avec rigueur : « Chaque euro levé doit avoir un objectif clair. L’ère des levées opportunistes est révolue, les investisseurs cherchent une trajectoire définie et mesurable. »

Cette vision pragmatique souligne l’exigence nouvelle des fonds, qui attendent des entrepreneurs une capacité à rendre des comptes, à documenter les choix stratégiques et à justifier les investissements. « La transparence financière, c’est l’arme ultime pour convaincre un fonds de vous suivre, non pas un tour, mais plusieurs« , ajoute-t-il.

En conclusion : L’art de lever des fonds en 2025

Lever des fonds en 2025 ne repose plus uniquement sur une bonne idée. Il s’agit de démontrer une capacité à exécuter, une rigueur dans la structuration et une vision claire de l’exit. Les investisseurs veulent du concret : un marché réel, un produit différenciant et une équipe capable de tenir la route.