Dans les coulisses de 3 investissements récents du Pôle Industries Culturelles et Créatives, sous le signe de l’Impact

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Comment l’équipe d’investissement du pôle ICC travaille-t-elle ? Comment sont sélectionnées les entreprises dans lesquelles nous investissons ? Une fois la levée de fonds finalisée, quel est le rôle des investisseurs ? Voilà quelques questions qu’on nous pose souvent. Pour y répondre, quoi de mieux que de donner la parole à ceux qui sont passés par là, pour qu’ils nous racontent leurs expériences ? Zoom sur trois de nos investissements récents dans des entreprises prometteuses, réunies par une proposition de valeur centrée sur l’impact : La Bouche Rouge, TIPTOE et Echo Studio.

 

La Bouche Rouge : quand l’investisseur fait le premier pas

 

Delphine le Mintier, Directrice d’investissements Mode et Luxe avait identifié dans la presse Nicolas Gerlier, le fondateur de La Bouche Rouge, dès le lancement de sa marque en 2017. A l’époque, elle est intriguée par le positionnement-prix ambitieux du produit (un rouge à lèvres à 149 euros) et les partis-pris forts en termes d’impact de l’entreprise (packaging rechargeable en inox, composition sans micro-plastique, don à l’association Eau Vive Internationale pour chaque achat…).

 

Pourtant, ce n’est que quelques années plus tard, en 2019, que la première rencontre se fait. « Après de multiples tentatives de prises de contact, nous avons passé deux heures à discuter sur le projet, à évoquer les perspectives de développement” se souvient Delphine le Mintier, qui a rapidement été convaincue par la vision du fondateur… au point de trouver le projet “trop beau pour être vrai”. Mais la phase de “due diligence” a rapidement levé les doutes qui pouvaient subsister.

 

Un investisseur qui démarche l’entrepreneur : serait-ce le monde à l’envers ? “Nous recevons beaucoup de dossiers, mais nous faisons aussi de la prospection active. Ce sont les entrepreneurs qui ont des projets très forts qui nous intéressent”, explique l’investisseuse. 

 

La crise sanitaire n’a pas entamé sa conviction : la levée de fonds a été finalisée en septembre 2020. “Même si la période est peu propice pour investir dans le secteur du maquillage, qui plus est pour des produits vendus dans les grands magasins, nous pensons que Nicolas Gerlier a le potentiel extraordinaire de propulser cette marque sur le devant de la scène internationale dans les mois et années à venir« , explique-t-elle.

 

Pour Nicolas Gerlier, Delphine le Mintier n’était pas son premier interlocuteur chez Bpifrance : La Bouche Rouge a en effet bénéficié d’une subvention de Bpifrance Financement à son lancement. L’investissement du pôle ICC en 2020 est donc venu renforcer les liens avec Bpifrance, en lui donnant le statut d’actionnaire. “C’est un partenaire puissant pour l’entreprise, car il est structurant. C’est un actionnaire qui peut user de son influence et de son réseau, qui peut missionner des experts. Il a une approche différente de certains investisseurs qui vont chercher un retour sur investissement à court terme” explique l’entrepreneur. Celui-ci salue également “une rencontre humaine” : “Delphine a créé un climat de confiance, on a plutôt l’impression de discuter avec un coach qu’avec un investisseur.”

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Echo Studio : la force de l’expérience

 

Comme dans le cas de La Bouche Rouge, la notion d’“impact” était également au cœur de la décision d’investissement du pôle ICC dans Echo Studio. Un premier contact avait été noué dès la création de ce studio de production de contenus, en 2017. Mais les échanges autour d’un investissement n’ont débuté qu’en 2019, une fois les premiers projets concrétisés.

 

“Sur des sujets de cette taille, le premier critère d’investissement, c’est l’équipe. Jean-François Camilleri a été le président de The Walt Disney Company en France et Raphaël Perchet évolue depuis longtemps dans la sphère du financement du cinéma et de la distribution” explique Damien d’Houdain, Chargé d’Investissements Senior. La vision des fondateurs et le positionnement du studio ont achevé de le convaincre : “ce qui fait la particularité du business model, c’est le caractère unique de la ligne éditoriale : il s’agit de l’un des seuls acteurs en Europe à avoir ce focus sur les contenus à impact. Au-delà de la production des contenus, Echo Studio travaille aussi pour leur donner un retentissement, en associant par exemple mécénats et réseaux sociaux à leurs lancements.”

 

Du côté d’Echo Studio, Jean-François Camilleri a aussi été rapidement convaincu par l’approche de Bpifrance. “Nous avons rencontré l’équipe du pôle ICC fin 2019, lors de notre seconde levée de fonds. L’équipe d’investissement connaissait déjà l’un de nos associés, Serge Hayat, et Alliance Entreprendre, le fonds qui avait investi à notre création. Ils ont échangé pour proposer ensemble une solution qui correspondait à notre besoin de financement.”

 

Le tour de table a été finalisé en septembre 2020, après un accord de principe dès le mois de mai. Et ce, malgré le contexte peu favorable du Covid, même si Echo Studio bénéficie de son statut de producteur “agnostique”, capable de réaliser des contenus pour tout type de diffuseur.

 

“Le confinement aura permis aux plateformes – et pas uniquement américaines – de devenir des compagnons quasi quotidiens de centaines de millions de personnes dans le monde : cela nous ouvre des possibilités pour vendre nos contenus. La situation nous apporte aussi des idées de contenus : nous sommes dans une période dans laquelle les gens ont besoin de repères et besoin de comprendre ce qui se passe dans le monde” estime le fondateur d’Echo Studio, qui se projette dans une vision de long terme. “Plus que d’accéder aux fonds dont nous avions besoin, c’est d’un accompagnement intelligent pour notre développement et notre progression que nous recherchions” conclut-il.

 

TipToe : le bon timing

 

La vision long terme est aussi une caractéristique des fondateurs de TIPTOE, marque de mobilier durable lancée en 2016. “Lors de notre seconde levée de fonds, bouclée en 2019, nous nous sommes parfois retrouvés devant des VC qui nous demandaient pourquoi on ne leur vendait pas un business plan cinq ou dix fois plus ambitieux… Mais pour construire une marque forte d’un point de vue sociétal et environnemental, il faut du temps. L’horizon est plutôt à 10 ans qu’à 5” explique Vincent Quesada, co-fondateur de la marque.

 

Lorsque lui et son associé Matthieu Bourgeaux rencontrent les équipes de Bpifrance ICC, en 2018, le timing était idéal : Anne Villette Raoul-Duval, Directrice d’Investissements, et Marie Olivero, chargée d’investissements, venaient de terminer une étude sur l’univers de la décoration et de l’ameublement. “TIPTOE rentrait un peu dans toutes les cases de la matrice que nous avions constituée, en répondant bien à la plupart des enjeux identifiés. L’angle RSE très fort nous a séduit. Les produits sont simples, durables, bien conçus et accessibles. C’est une marque qui fait du sens, avec une grande capacité d’engagement et d’influence de sa communauté. Sa traction commerciale était excellente. Et il y avait une phrase dans le deck de présentation qui résonnait avec nos convictions : « le monde n’a pas besoin de plus de meubles, mais de meilleurs meubles ” se souvient la directrice d’investissement.

 

Entre ce premier rendez-vous, en mai 2019, et le bouclage de la levée de fonds trois mois plus tard, cet investissement a été relativement rapide. “Toutes les réponses de leur part étaient très précises et nous avons tous été ultra-efficaces dans l’instruction du dossier. Un point déterminant dans ce type d’investissement est le management : dans cette étape, travailler avec Vincent et Matthieu a été très agréable. Ce “fit” humain s’est confirmé par la suite” ajoute Anne Villette Raoul-Duval.

 

“Le premier rendez-vous a duré trois heures : ce n’est pas quelque chose qui arrive souvent. Quand on cherche un partenaire avec lequel partir pour les cinq à dix années à venir, ce fit humain est important, au-delà des aspects plus rationnels” confirme Matthieu Bourgeaux, qui ajoute que l’alignement sur une vision commune devrait être le premier critère pour choisir son investisseur. “En termes de valeurs, il était important d’avoir un partenaire qui nous laisse les coudées franches sur les sujets d’engagement et de RSE. On a senti avec Bpifrance qu’on avait envie d’aller dans la même direction sur ce sujet-là.”

 

Avec un an de recul, les deux associés ne regrettent pas leur choix d’investisseurs, comme l’explique Vincent Quesada : “Lors de la première levée de fonds, les Business Angels n’avaient pas vocation à être très actifs. Là, on peut solliciter nos investisseurs à tout moment sur les sujets qui nous préoccupent. Par exemple, nous allons bientôt ouvrir une boutique : dans les portefeuilles d’Eutopia [qui a participé à la levée de fonds aux côtés de Bpifrance] comme de Bpifrance, il y a déjà beaucoup d’acteurs qui ont développé un réseau retail. Les rencontrer nous permet de gagner du temps. Et 3 à 6 mois de gagnés pour une startup, ça fait une différence !”

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