En marge du TOTEM Bioeconomy de jeudi dernier, nous avons eu le plaisir de croiser Jérémie Blache, l’un des co-fondateurs de la start up Pili. Fondée en 2015, la société souhaite ré-inventer l’encre de nos stylos. Ils comptent pour cela s’appuyer sur des colorants naturels issus de micro-organismes. Cette étape est une première marche, mais leur ambition est d’impacter d’autres secteurs et d’autres pans de l’économie dans les années à venir.
Dans un premier temps qu’as tu pensé de cet événement ?
L’événement était vraiment bien. C’est assez rare de pouvoir regrouper les acteurs de la bio-économie et des biotechs industrielles. Pouvoir rassembler tout ce monde-là, ça contribue à la structuration de ces filières en France qui ont un bel avenir devant elles.
C’est le but du Hub justement de permettre ce genre de rencontres, concrètement qu’est ce que cela vous amène ?
Le Hub est clairement un facilitateur, et on espère qu’il le restera. Aujourd’hui, on arrive à être en relation avec des grands groupes, mais ça se fait soit un peu par hasard, via les réseaux sociaux ou le bouche à oreille, soit justement au travers d’événements de ce type. C’est pour ça qu’ils sont pertinents et importants pour rencontrer des partenaires ou des futurs clients. Et c’est aussi l’occasion de renforcer son réseau et son intégration dans un écosystème.
Pour revenir sur Pili est ce que tu peux nous présenter votre activité ?
Notre objectif, c’est de développer, de produire et de commercialiser des colorants naturels pour apporter une alternative qui soit compétitive et renouvelable vis à vis des colorants synthétiques, mais aussi vis à vis des colorants végétaux, qui ne sont eux, pas du tout compétitifs à l’heure actuelle. Le gros problème des colorants se révèle dans la santé du fait de leur toxicité et dans l’environnement à cause de leur pollution. Et Il y en a partout, dans notre nourriture, dans nos habits, dans tous les objets qui nous entourent et aujourd’hui il n’y aucune alternative crédible qui puisse être massivement produite. Pour reprendre l’exemple des colorants végétaux, ils restent encore très peu utilisés car on ne peut pas les produire en quantité suffisante du fait de leur faible rendement. Notre projet c’est de proposer de grande quantité et une grande qualité grâce aux processus de fermentation. Au même titre que de la bière, on va cultiver des micro-organismes mais pour produire cette fois des colorants.
Sur votre site internet il est question notamment de stylos et de textiles, mais là je t’entends parler d’aliments, c’est quelque chose que vous envisagez aussi ?
Pour l’alimentaire, c’est effectivement une possibilité mais qui nécessite de passer les barrières règlementaires, elles sont très strictes, et heureusement ! Notre enjeu, c’est de trouver un partenaire de premier rang, pour pouvoir nous accompagner tant au niveau Recherche, que pour la mise sur le marché. Nous nous focalisons jusqu’à présent sur le textile car c’est le secteur qui utilise le plus de colorants, qui est le moins réglementé et qui concentre donc le plus d’enjeux environnementaux.
Et concernant le nombre de couleurs dont vous disposez, c’est un enjeu important pour vous ?
Notre équipe a déjà produit 5 couleurs. En les mixant on a réussi à avoir encore plus de couleurs, mais à l’heure actuelle nos recherche se concentrent sur une couleur, un colorant bleu avec des propriétés intéressantes notamment en terme de stabilité. Une partie de mon travail, c’est d’aller chercher des ressources supplémentaires, pour développer une deuxième couleur.
Concernant le capital vous en êtes où ? Vous avez réussi à lever des fonds ?
Pour l’instant, nous avons a été supporté par la BPI, notamment via le concours I-LAB et on est en train de préparer notre première levée de fonds. On espère lever entre 600 et 800 000€ dans les 6 prochains mois, afin de financer des nouveaux recrutements et des frais de fonctionnement en R&D et en production.
Pour terminer juste une question sur les personnes qui passent leur vie à mordiller leurs stylos, quelles sont les risques encourus en cas de fuite de bactéries ?
(Rires) Alors dans le colorant il n’y a plus de bactéries. C’est tout l’intérêt des processus de biotechnologie industrielle. La bactérie est une micro usine qui sort un produit où il n’y a plus de cellules, il reste uniquement la molécule qui nous intéresse.
Et concernant les recharges, l’idée c’est de nourrir les bactéries ? Une sorte de Tamagotchi 2.0 ?
C’est une belle image pour expliquer le projet. C’est un peu l’exercice de pensée à l’origine du projet. On s’est dit plutôt que d’avoir des objets jetables et non-recyclables, on va utiliser le vivant pour s’inscrire dans un cycle durable. Mais un tel concentré de technologie dans un stylo n’était pas le plus pertinent à développer : le stylo avec mini-bioréacteur intégré attendra, vous le verrez peut-être dans le prochain James Bond…
Twitter : @_pilibio
Site internet : http://www.pili.bio
Responsable du Hub Network de Bpifrance, Caroline Avierinos travaille depuis la création du Hub à faire se rencontrer startups et grands comptes afin de les accompagner dans leurs relations business et partenariats stratégiques.