Les solutions numériques et objets connectés transforment profondément nos façons de concevoir la médecine actuelle et conduisent les acteurs du secteur, pharmas, medtechs, grands groupes, startups, à faire évoluer leurs modèles et anticiper la convergence des innovations médicales.
Servier s’inscrit dans ce mouvement en ambitionnant de devenir un leader de la santé connectée et en explorant cette nouvelle frontière grâce à un département dédié : WeHealth by Servier. Le partenariat avec BioSerenity, champion français de la e-santé et des vêtements connectés lui permet ainsi de proposer une innovation en cardiologie.
Le Cardioskin, co-développé par BioSerenity et WeHealth by Servier est un tee-shirt connecté qui reproduit à l’identique les performances techniques d’un électrocardiogramme. Grâce à la mesure de l’activité cardiaque en continu et la transmission des données en temps réel, il permettra de transformer la prise en charge des maladies cardiovasculaires.
L’ambition de WeHealth by Servier est de transformer les usages et apporter, grâce au numérique, des solutions pour améliorer la vie des patients et des professionnels de santé, et in fine, rendre la médecine plus efficace tout en diminuant les coûts de la santé. Cardioskin répond pleinement à ces objectifs, en permettant « d’analyser et valoriser les données récupérées pour répondre à des questions auxquelles on ne sait pas répondre aujourd’hui » indique ainsi David Guez, Managing Director de WeHealth by Servier.
Du côté de BioSerenity, ce partenariat lui permet de développer une expertise dans un nouveau domaine et de bénéficier de la force de frappe d’un grand groupe pharmaceutique pour la commercialisation de son produit.
L’association pharma/medtech permet également d’apporter une solution complète, du diagnostic jusqu’au thérapeutique et d’aller plus loin pour transformer la gestion du patient chronique sur le long terme.
David Guez, Managing Director de We Health by Servier et Pierre-Yves Frouin, CEO de BioSerenity à l’occasion du TOTEM #HealthTech
Mais l’hybridation pharma/medtech n’est pas sans défi à relever :
#1 : Apprendre à se faire confiance
Un projet d’hybridation induit souvent des domaines de spécialité et des tailles d’entreprise différentes ; faire collaborer des équipes qui n’ont pas la même culture de travail peut se révéler délicat. Il est donc critique d’établir une confiance réciproque dès le début. « Des équipes de BioSerenity sont allées travailler dans les bureaux de Servier dès le départ pour favoriser le rapprochement et encourager les synergies et les complémentarités » indique Pierre-Yves Frouin, CEO de BioSerenity.
#2 : Parler le même langage
Malgré des enjeux et des cultures distincts, pharma et medtech, grand groupe et startup doivent apprendre à parler le même langage. Il faut donc trouver les clés pour faire en sorte que des collaborateurs aux profils variés puissent dialoguer et se comprendre : développeurs informatiques et médecins, ingénieur électronique et pharmacien, par exemple.
Par ailleurs, les types de données recueillies diffèrent entre pharma et medtech : quand la 1ère a pour habitude de travailler sur des données transformées, résumées, issues d’études cliniques et donc partagées entre plusieurs acteurs, la 2ème exploite des données sources en temps réel. Ces différences devront être reconnues et comprises par chacun pour assurer une bonne collaboration et créer des synergies.
#3 : Synchroniser les rythmes de calendriers
Dans la vie d’une petite société de medtech, tout va plus vite que dans un grand groupe pharma. Il faut donc apprendre à se synchroniser pour éviter les points de surchauffe. Du point de vue du laboratoire pharmaceutique, il faut non seulement s’adapter au rythme d’une petite structure mais également à la nature même d’une nouvelle solution qui exige une agilité et une rapidité bien plus importante que dans le médicament. Quand il faut 10 à 15 ans pour développer un médicament, il faut 1 à 3 ans pour une solution digitale. Et sa commercialisation exige d’être rapide et d’envergure, pour d’une part capter le marché et les ’early adopters’ le plus tôt possible et d’autre part être capable de faire évoluer le produit rapidement pour répondre à la concurrence. Une promesse importante à tenir pour le laboratoire dans ce type de partenariat.
Les calendriers réglementaires varient également entre pharma et medtech, avec des process plus rapides pour les dispositifs médicaux par rapport aux médicaments et un niveau de risque toléré plus important. En effet, les procédures réglementaires des dispositifs médicaux autorisent souvent un niveau de risque plus important, alors que pour les médicaments la norme est le risque zéro. Les medtechs peuvent ainsi apporter leur démonstration de preuve sur des cohortes de patients de taille plus réduite et utiliser le retour terrain de manière plus importante, notamment grâce à l’exploitation de données en vie réelle.
#4 : Partager la même vision et développer de nouveaux modèles
Ce partenariat est une bonne illustration de l’évolution de la frontière pharma / medtech et, on peut l’espérer, le signal d’une tendance. « Nous rencontrons chaque année plus de 200 startups du monde entier. Ces interactions nous poussent constamment à remettre en question notre fonctionnement, nos modes de pensées et la manière dont nous appréhendons les problématiques de santé » indique David Guez. Le secteur est en effet en train d’évoluer d’un mode de remboursement du médicament seul vers un remboursement fondé sur la valeur du traitement pour le patient et le système de santé. Pour y arriver la collecte de données devient indispensable, non seulement pendant les essais cliniques, mais surtout après la mise sur le marché, afin de pouvoir efficacement coupler le suivi du patient et du traitement qu’il reçoit, aux bénéfices pour lui et le système de santé.
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Ces modèles hybrides sont aussi encouragés par un business model pharma qui évolue. La rentabilité des investissement R&D en pharma décline de manière régulière depuis plusieurs années, passant sous le coût du capital en 2017, et pourrait même atteindre 0% dès 2020 [1]. On s’éloigne donc du modèle ‘blockbuster’ historique, basé sur une recherche faite en interne par les laboratoires pharmaceutiques, au travers de larges essais cliniques, pour se diriger vers une médecine plus personnalisée, une recherche externalisée et des populations ciblées. L’exploitation de données en vie réelle se retrouve également au cœur de ce nouveau modèle.
On comprend dès lors que l’hybridation medtech/pharma et la collaboration grand groupe/startup sera clé dans ce mouvement de convergence des modèles.
[1] Kelvin Stott, Endpoints News, Novembre 2017 – https://endpts.com/pharmas-broken-business-model-an-industry-on-the-brink-of-terminal-decline/
Business Manager HealthTech au Hub de Bpifrance, Céline Riou accompagne les startups de l’accélérateur Bpifrance Hub HealthTech. Elle s’intéresse particulièrement aux marchés innovants de la santé : HealthTech, MedTech, BioTech.