Gobano Robotics lève 3 millions d’euros pour déployer l’IA robotique dans l’industrie
Avec 3 millions d’euros levés en pré-seed, Gobano Robotics veut franchir un cap : déployer son IA robotique dans l’industrie pour automatiser les tâches manuelles complexes, renforcer la compétitivité des usines européennes et préserver les savoir-faire industriels.

Après avoir cofondé Padam Mobility, revendue à Siemens en 2021, Ziad Khoury se lance dans une nouvelle aventure deeptech : Gobano Robotics. Avec son associé Roch Molléro, docteur en IA et spécialiste de robotique, il veut donner aux robots la capacité d’apprendre et de réaliser de manière autonome les tâches industrielles les plus fines.
La deeptech vient de lever 3 millions d’euros auprès de Bpifrance Digital Venture, Axeleo Capital, Polytechnique Ventures, Kima Ventures, Motier Ventures, Plug and Play Ventures ainsi que de business angels. Grâce à ce tour de pré-seed, elle ambitionne de développer et de déployer rapidement son pipeline d’IA robotique de nouvelle génération. Entretien avec Ziad Khoury, CEO et cofondateur de Gobano Robotics.
Comment est né Gobano Robotics ? Quel a été votre parcours avant ce projet ?
Ziad Khoury : Nous sommes deux cofondateurs issus de la même promotion de Polytechnique, avec des parcours très différents. De mon côté, j’ai lancé Padam Mobility, spécialisée dans les logiciels pour le transport public, rachetée par Siemens en 2021. Roch Molléro, lui, a fait un doctorat en IA et Computer Vision, puis travaillé chez Wandercraft sur le contrôle de la marche de l’exosquelette. Quand nous nous sommes retrouvés, il m’a parlé d’une nouvelle vague dans la robotique : l’usage des modèles génératifs pour apprendre aux robots à réaliser des tâches impossibles à programmer auparavant. Nous avons décidé de saisir cette opportunité et de créer Gobano Robotics.
Qu’est-ce qui différencie votre technologie des approches classiques de robotique ?
Z.K. : Aujourd’hui, la robotique classique atteint vite ses limites quand il s’agit de manipuler des objets souples, désorganisés ou variés. Notre approche combine apprentissage par imitation et apprentissage par renforcement. Comme un enfant qui apprend en essayant et en corrigeant ses erreurs, nos robots s’entraînent jusqu’à atteindre une performance industrielle, c’est-à-dire proche de 100 %. L’objectif est très clair : qu’une ligne de production ne s’arrête jamais parce qu’un robot a échoué une fois sur dix.
Quels cas d’usage visez-vous en priorité ?
Z.K. : L’IA robotique ouvre la porte à de nombreux scénarios. Nous nous concentrons d’abord sur les environnements complexes et désorganisés : manipulation de vêtements, câbles ou mousses, tri et “pick & pack” d’objets arrivant en vrac, ou encore assemblage de pièces nécessitant une grande précision. Partout où la robotique traditionnelle est limitée, notre technologie apporte une valeur immédiate.
Vous insistez sur l’importance de la réindustrialisation et de la souveraineté. Comment votre technologie y contribue-t-elle ?
Z.K. : Nous voulons permettre aux industriels européens d’automatiser des tâches répétitives et à faible valeur ajoutée pour gagner en compétitivité et recentrer leurs équipes sur des missions stratégiques. Mais il y a aussi un enjeu de préservation du patrimoine : chaque robot entraîné capture un savoir-faire industriel. À terme, Gobano pourrait devenir une véritable bibliothèque de gestes de production, permettant de préserver et transmettre des compétences qui risqueraient autrement de disparaître avec les départs en retraite.
Qu’est-ce qui a convaincu vos investisseurs, dont Bpifrance, de vous accompagner ?
Z.K. : Je crois que plusieurs facteurs ont joué : nous avons un marché immense, un momentum technologique inédit et une approche différente de celle de nos concurrents américains. Là où certains lèvent des centaines de millions pour entraîner d’immenses modèles, nous adoptons une stratégie bottom-up : partir des besoins concrets des clients, développer des modèles plus petits, mais plus précis et déployer rapidement. C’est cette approche lean et pragmatique qui m’a d’abord convaincu de me lancer dans le projet et qui a convaincu les investisseurs.
Au-delà de l’aspect financier, quelle contribution attendez-vous de Bpifrance ?
Z.K : Bpifrance et le Hub nous apportent un accès unique à des filières industrielles clés. C’est exactement ce dont nous avons besoin pour tester et déployer notre technologie rapidement. Nous avons senti que notre projet était stratégique pour eux, et c’est important pour un entrepreneur d’avoir des investisseurs qui croient profondément en la valeur du projet.
Quels sont vos prochains objectifs ?
Z.K. : Nous avançons étape par étape. Notre priorité est de démontrer d’ici la fin de l’année qu’un robot Gobano peut accomplir une tâche industrielle avec 99 % de fiabilité. En 2026, nous viserons la réplication de ce succès chez d’autres partenaires, puis le déploiement à plus grande échelle. La levée nous permet aussi de renforcer l’équipe, aujourd’hui composée de six personnes, pour constituer un noyau dur technique solide.
Antoine Sternchuss