Le secteur de la EdTech, à l’instar de celui de la Fintech ou de la Foodtech, prend de plus en plus ses marques, perce dans l’actualité et commence à trouver ses “champions” tels qu’Openclassrooms, Unow, Beneylu, Digischool, 360learning, etc. Il ne manque plus au secteur qu’une licorne. Pourtant ce marché était mal connu de beaucoup il a encore peu de temps.
EdTech ou “HeadTech” ?
Un constat qui s’est révélé à l’occasion d’une intervention au sujet de la EdTech en 2016, quand une main dans l’assistance s’était levée pour demander quel était le rapport entre le sujet présenté et la “tête”. Et oui, cette personne avait compris “HeadTech”.
Deux ans plus tard, il semble que l’expression EdTech, qui désigne les entreprises innovantes dans le secteur de l’éducation et de la formation, soit un petit peu mieux comprise, un petit peu mieux appréhendée, un peu moins obscure.
Une simple recherche sur Google Trends illustre cette évolution et cette curiosité croissante pour ce secteur depuis 5 ans.
La EdTech est mieux structurée
La visibilité de la filière s’est construite depuis deux ans autour d’initiatives convergentes :
- Le lancement du premier observatoire de la filière, premier outil permettant d’offrir une vision complète des acteurs de la filière, construit avec le concours de la Caisse des Dépôts et de la MAIF, et la contribution d’un groupe de travail constitué de financeurs, startups, clusters et pouvoirs publics. Au lancement en mars 2017, 242 organisations y étaient référencées. 10 mois plus tard elles sont 314, preuve de la capacité de l’outil à jouer son rôle structurant pour la communauté.
- La naissance, en novembre dernier, de l’association EdTech France dont l’objectif es de réunir l’ensemble des acteurs de la filière pour faire de la France une “EdTech nation”.
- La constitution d’un réseau thématique Edutainment de la French Tech réunissant les entreprises des filières education et entertainment.
Le secteur EdTech est mieux financé
La récente étude réalisée par Nicolas Turcat, chef du service développement des usages numériques notamment en charge des questions de la e-education et du learning, illustre cette évolution : la filière se finance un peu mieux depuis 2016 et certaines levées à deux chiffres témoignent de l’intérêt grandissant des investisseurs (Digischool, Skillandyou, coorpacadémy…).
Non seulement la filière se finance un peu mieux, mais cela devrait se continuer notamment grâce au récent lancement de deux fonds dédiés : celui d’Educapital (45M€) et Brighteyes Venture (50M€).
EdTech, comment percer ce plafond de verre ?
Néanmoins, il reste une difficulté de taille exprimée par plusieurs entrepreneurs. Ce plafond de verre, c’est la structure du marché : à la fois encore trop d’achats au niveau local et d’un autre côté des marchés publics centralisés. Une situation qui favorise les PME et grands groupes équipés commercialement et géographiquement.
Par ailleurs si on se penchait sur le détail des investissements, on réaliserait que le volume d’achat public auprès des PME et ETI innovantes de l’éducation est sans doute loin des objectifs des 2% qui est pourtant un objectif inscrit dans la loi depuis 2013.
Les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure de ces blocages et plusieurs initiatives tant au niveau central que local permettent d’entrevoir des signes positifs. D’abord les déclarations du ministre de l’éducation nationale qui déclarait récemment qu’il voulait être “en première ligne dans le déploiement des EdTech”. Au niveau de son administration les actions se mettent en place : que ce soit le Numerilab de la DNE (Direction du Numérique pour l’Education) ou la mission portée par Somalina Pa dont le rôle consiste à identifier et concrétiser les projets innovants portés au sein du ministère.
On pourrait ajouter à ces initiatives celle de la région Ile-de-France qui a lancé il y peu un appel à manifestation d’intérêt récompensant les projets innovants construits conjointement entre startup/PME et les acteurs universitaires. D’autres initiatives soutenues par les pouvoirs publics, par la Caisse des Dépôts et les régions, fleurissent un peu partout avec un souhait d’expérimenter territorialement les innovations avant de les déployer. La tendance est là, le moment est clé, et nous saurons dans les années, voire dans les mois à venir, si cette secousse était bien les prémices d’une vraie transformation de marché.
Enfin un autre effort de pédagogie sur ce secteur reste à produire lorsqu’on constate la méconnaissance de certains entrepreneurs de la structure et du mode de fonctionnement de l’éducation nationale : nombreux sont ceux qui ignorent encore ce que sont les DAN (délégué académique au numérique). Il s’agit pourtant des têtes de pont de l’innovation dans les académies. Ils peuvent être prescripteurs, influenceurs, et ont un rôle clé dans l’évangélisation de l’innovation.
Le BETT, thermomètre du dynamisme français
Cette semaine débute à Londres le BETT, sans doute le plus grand salon mondial de l’éducation. L’année dernière la France y était bien représenté : 3ème délégation étrangère avec 20 participants. Cette année, la délégation française est forte de près de 30 acteurs, appuyée par Business France, l’Afinef et la présence du Numérilab.
Ce sera l’occasion également de voir si les quelques 300 acteurs référencés sur l’observatoire EdTech ou sur le mapping du Hub de Bpifrance sont en phase avec les grandes tendances qui perceront pendant cet événement.
Alors rendez-vous au BETT ?
Directeur de EdFab, Benjamin Gans est, depuis 2016, en charge du lieu de Cap Digital dédié à l’innovation dans le secteur de l’éducation et de la formation.