Withings : l’histoire de l’émergence d’une nouvelle conception de la santé connectée

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Depuis plus de 15 ans, Éric Carreel, co-fondateur de Withings, accompagne les utilisateurs de ses produits pour qu’ils deviennent acteurs de leur santé. Retour sur le parcours passionnant du co-créateur d’un fleuron français de la santé connectée.


Là où tout a commencé : les télécoms

Personne n’aurait pu prédire la carrière entrepreneuriale d’Éric Carreel. Fils d’agriculteurs en Picardie, il sait très tôt qu’il ne souhaite pas se consacrer aux métiers de la terre. Lui, ce qui l’attire, c’est comprendre le fonctionnement des machines, ce qui l’amène à s’intéresser à l’électronique. Une fois que le feu de la technologie commence à prendre en lui, il ne disparaîtra plus jamais. Développant ensuite ses compétences en sciences, il intègre bien plus tard l’École Supérieure de Physique et de Chimie Industrielle (ESPCI). Il devient alors ingénieur.

C’est pour lui un moment charnière, car il rencontre Jacques Lewiner, professeur et directeur scientifique de l’école. Ce dernier permet à Éric d’en savoir plus sur lui-même tout en lui faisant découvrir l’électronique et l’électromagnétisme. Sous la direction de ce mentor, il réalise une thèse de doctorat intitulée « Étude et réalisation d’un système de radiocommunication mobile », soutenue en 1990 à l’Université Pierre-et-Marie Curie.

Ce passé de chercheur est fondamental pour comprendre le parcours d’Éric Carreel, car il a fait de lui un homme soucieux du détail, enthousiasmé par les applications concrètes de la recherche et ce qu’elle peut apporter à autrui : « Je suis devenu entrepreneur pour des raisons diverses et variées, notamment parce que je voulais voir de près ce à quoi pouvait servir un travail de recherche dans le monde de la physique ou de l’électronique. »

Poussé par sa passion des télécommunications, Éric Carreel fonde avec Jacques Lewiner la société Inventel en 1990. Initialement fabricant de pagers, avec notamment le célèbre Tam-Tam, l’entreprise produit ensuite la Livebox pour Orange. Malgré le succès du contrat, celle-ci est rachetée par Thomson (devenu aujourd’hui Technicolor). Pour Éric Carreel, une page se tourne…

 

Montre connectée Withings – © Withings


La révélation de l’importance cruciale des objets connectés

Céder une entreprise n’est jamais un acte anodin. « C’est un peu comme remettre votre bébé dans les mains de quelqu’un d’autre » déclare le co-fondateur de Withings. Suite au rachat d’Inventel par Thomson, une période difficile démarre pour Éric Carreel : « Cette cathédrale qu’on avait essayé de construire, disparaissait petit à petit, comme si on l’avait construite au bord de mer et que les vagues venaient progressivement faire fondre cette cathédrale de sel. »

Les choses ne sont en effet plus comme avant. Il n’est pas son propre patron et doit composer avec plusieurs supérieurs hiérarchiques tout en étant responsable technique de milliers d’ingénieurs dispersés dans le monde entier. Cette époque a le mérite de lui intimer la conviction que les grands groupes ne sont pas forcément plus efficaces que les petites structures agiles.

Très peu à l’aise au sein d’une société internationale, il démissionne. Le moment est venu d’aller voir ailleurs. Ce choix, il le résume en ces termes : « J’avais un peu cette image de Pierre-Gilles de Gennes, qui a obtenu le prix Nobel de physique, et qui avait changé plusieurs fois de domaines dans sa vie. »

Prendre le temps d’en apprendre davantage sur la transition climatique, sur l’énergie, sur l’électronique est un plaisir pour cet amoureux de la connaissance… qui décide finalement de se recentrer sur un secteur qu’il connaît bien : les télécoms.

Il suit avec intérêt un événement crucial pour le futur. 9 janvier 2007. À 9h débute la légendaire Keynote d’Apple sous l’égide de Steve Jobs, lors de laquelle est présentée une révolution : l’iPhone. Éric Carreel se rend alors compte que l’entrepreneur américain a tout compris en créant le triptyque produit-service-donnée. « Nous étions dans une période où je sentais qu’il y avait quelque chose qui changeait. ». Dès lors, rien ne sera plus comme avant, car tout va se connecter.

 

L’équipe Withings – ©Withings


Création de Withings, une entreprise au service de l’humain

Convaincu que les voitures doivent bénéficier de cette révolution, le futur co-créateur de Withings rencontre le patron d’une grande marque française d’automobiles. Ses interlocuteurs, peu inspirés par ses idées et ses projets, préfèrent ramener systématiquement la discussion sur le sujet du moteur diesel… Surpris par l’absence de compréhension de cette transformation sociétale, Éric Carreel se questionne.

Il en est convaincu : les objets vont désormais dialoguer entre eux et échanger de l’information. Le temps est peut-être venu de créer une entreprise dédiée aux objets connectés. Cédric Hutchings et Fred Potter le rejoignent et ils fondent ensemble une nouvelle société le 1er juin 2008 : Withings.

Le premier produit est une balance connectée. Toutefois, les débuts ne sont pas simples ! Le trio envisage un tel objet comme aisé à fabriquer, et pourtant… De nombreux éléments doivent être élaborés pour concevoir ce produit global : design compact et basse consommation, couches logicielles, applications iOS et Android, plateforme de données, etc. « Cet objet simple, qui discutait avec une personne, nous conservons sa simplicité, mais nous le rendons capable de discuter avec le monde extérieur, » explique-t-il.

Finalement, leurs efforts finissent par payer. Withings plaît aux consommateurs. Le fondateur de Twitter, Jack Dorsey, tweete en présentant le produit génial qu’il a acheté : une balance connectée Withings. Apple, de son côté, accepte de la mettre en vente dans ses magasins. Le vent tourne et il vient de la Californie !

Eric Carreel relate une anecdote : « Je suis aux États-Unis. À la fin de la conférence, des gens viennent me voir avec l’application Withings ouverte sur leur smartphone et me montrent leur courbe de poids pour me montrer qu’elle descend ». Les utilisateurs de la marque commencent en effet à communiquer auprès de l’entreprise à propos de l’importance de ses produits. « Tu m’as changé la vie ». Ces quelques mots adressés au co-fondateur de Withings l’interpellent. Saisir qu’il a un impact réel sur le quotidien des gens lui fait prendre conscience de l’influence de cette nouvelle entreprise.

Éric Carreel, passionné de Pierre Teilhard de Chardin, précise que ce dernier « a une image de l’évolution de la vie sur Terre et de sa convergence vers une unification de l’humanité, vers quelque chose de plus grand qu’elle ». Withings semble donc elle aussi œuvrer pour quelque chose de plus grand qu’elle et cette idée séduit son fondateur.

 

Balance connectée Withings – © Withings


L’évolution de Withings et la révolution de la santé connectée

Tout au long de son histoire, Withings a fait en sorte d’aider ses clients à se reconnecter à eux-mêmes. Prendre soin d’eux et devenir des acteurs engagés de leur santé est un point central des efforts de l’entreprise. Éric Carreel cite de nouveau la philosophie de Teilhard de Chardin : « Si l’humanité n’a pas d’autre chemin que de s’unifier, il y a aussi une unification à faire en nous, entre le corps et l’esprit. »

Face à la malbouffe et à la sédentarisation, l’entreprise de santé connectée valorise une alimentation saine, un meilleur sommeil et une activité physique régulière.

Récemment, la marque a développé Withings+ pour passer à un modèle hybride composé de produits et de services. L’objectif est double :

  • D’une part, la collecte et l’unification des données vont permettre de gérer sa santé de manière proactive en détectant en amont les premiers signes de maladies chroniques. 
  • D’autre part, l’enjeu est d’accéder à une source de revenus constants, car les produits Withings, faits pour durer pendant de longues années, ne sont pas pensés pour être achetés sur une base annuelle.

 

Cette évolution de la médecine de réparation vers une médecine de prévention, où les objets connectés ont toute leur place, est l’une des priorités de la marque française. Elle est accompagnée dans ce projet par de nombreux investisseurs, qui ont conjointement permis à Withings de lever 53 millions d’euros en 2020. Parmi eux, la banque publique d’investissement Bpifrance via son fonds Bpifrance Large Venture, qu’il apprécie tout particulièrement, car elle « a une vraie volonté de servir le pays, d’être au service des entreprises, tout en étant exigeante » comme le souligne Éric Carreel.

Aux côtés de ces partenaires, Withings compte continuer à travailler main dans la main avec les professionnels de santé et les assureurs afin d’élaborer une autre vision de la médecine. Une médecine du futur, basée sur la prévention, rendue possible via l’agrégation de données et la création d’un score de santé que l’utilisateur pourra suivre et tenter d’augmenter en développant de nouvelles habitudes, plus saines. En résumé, « il s’agit en quelque sorte de mettre en place une espèce d’ange gardien silencieux. Ces données obtenues au fil de l’eau, puis analysées avec des algorithmes de machine learning, vont permettre à terme d’établir des scores permettant de détecter par exemple un risque de développement d’un type de maladie. Cela va profondément changer la façon dont on va se soigner demain. »

Éric Carreel, entrepreneur humaniste, va ainsi poursuivre ses efforts en vue de changer la vie de plus en plus d’individus en améliorant leur santé et en les connectant à eux-mêmes.

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