Fondée à Paris en 2019, Groover ambitionne de devenir la plateforme internationale de promotion musicale de référence pour les artistes indépendants.
La proposition de Groover : connecter les artistes avec les médias et les professionnels de la musique pour développer la notoriété des créateurs. La startup réunit aujourd’hui 350K artistes indépendants dans plus de 186 pays, avec une forte expansion aux États-Unis, qui contribue à près de 40% du chiffre d’affaires actuel.
Avec cette levée de fonds de 7,5m€ en Série A, auprès de OneRagtime, Trind, Techmind et MozzaAngels, et soutenue par ses investisseurs historiques : Partech, le fonds Tech & Touch de Bpifrance, Verve Ventures et Frenchfounders, la startup s’inscrit dans un secteur musical en pleine transformation. Découvrez les ambitions de Groover avec Romain Palmieri, co-fondateur et CEO, dans notre interview.
Peux-tu nous raconter la genèse de Groover ?
Groover, c’est une plateforme qui vise à aider les artistes indépendants à promouvoir leur musique auprès de médias, radio professionnels, label, influenceurs… En bref : permettre aux artistes de se faire connaître.
Rafael Cohen, Dorian Perron et moi avons créé Groover à la fin de nos études à Berkeley, après avoir eu tous les 3 des expériences différentes dans l’industrie musicale mais toutes liées à ce sujet de la promotion. Aux États-Unis, nous avons interviewé beaucoup d’artistes pour essayer de comprendre leur besoin. Or, aujourd’hui, cela n’a jamais été aussi simple de créer de la musique (avec les ordinateurs, notamment) et de la diffuser (avec les plateformes de streaming). Quand nous avons démarré, en 2019, 20 000 nouveaux morceaux par jour sortaient sur ces plateformes. Aujourd’hui, le chiffre monte à 120 000 ! Cela représente une croissance complètement dingue.
La problématique pour un artiste indépendant est donc de réussir à se faire connaître et d’avoir des retours sur sa musique. C’est ce que Groover propose à ces artistes : être mis en relation avec des curateurs, en leur assurant que leur musique soit écoutée par ces derniers et qu’ils leur fournissent un feedback écrit, en une semaine.
Les 3 cofondateurs de Groover – © Groover
Quels ont été les grands jalons de la vie de Groover ?
En 2019, nous lançons donc la première version de notre produit – une V1 « test » qui était un formulaire Google dans un WordPress, sur laquelle une centaine d’artistes s’est inscrite. Nous rejoignons ensuite le programme de Techstars, avec une première levée de fonds et le recrutement d’une première équipe de 10 personnes. Nous connaissons alors une forte croissance aux États-Unis, En Europe et en Amérique latine qui se fait assez naturellement, tout en étant soutenue par quelques partenariats avec des distributeurs digitaux et des sociétés de services aux artistes, comme Soundcloud, CD Baby ou Bandsintown.
Nous avons levé des fonds une 2e fois en 2021, dédiés à notre développement aux US et nous avons lancé notre bureau à New York en 2022. Les États-Unis sont aujourd’hui notre premier marché et notre priorité en termes de développement.
En quoi la proposition de Groover est-elle particulièrement différenciante pour les artistes aujourd’hui ?
Nous garantissons aux artistes une écoute et un feedback dans la semaine. S’inscrire sur Groover, pour un artiste, représente des gains de temps et d’énergie énormes. Cela ne les empêche toutefois pas d’utiliser d’autres moyens et canaux de promotion, mais avec notre modèle, ils sont assurés d’avoir des retours de la part de nos curateurs. Et la curation est indépendante et éditorialisée, donc très qualitative pour les artistes.
Notre modèle est donc très nouveau à la fois dans sa techno mais aussi dans la communauté de curateurs que nous adressons, car globale et différenciée de la presse traditionnelle. Le business model est aussi innovant grâce au volume de data traité et plus transparent pour les artistes dans la façon de gérer leur budget. Même si l’humain reste au cœur de tout le process.
Côté curateurs, nous les recrutons aussi bien en « inbound » qu’en « outbound », toujours en privilégiant la qualité de leurs contenus, leurs valeurs et celle qu’ils créent pour les artistes. Nous comptons aujourd’hui une communauté de 3 000 curateurs actifs. L’avantage pour eux est double : d’un côté, la plateforme leur permet d’avoir une plateforme centralisée de découverte musicale et, d’un autre, de mieux monétiser leur influence et leur contenu tout en gardant leur indépendance.
© Groover
Quels sont les axes de développement prioritaires de Groover suite à la levée ?
Cette nouvelle levée de fonds va nous permettre de poursuivre notre développement à l’international, en particulier aux États-Unis. Les US sont notre premier marché et représentent plus de 35% de notre chiffre d’affaires. Nous allons renforcer notre présence là-bas via du recrutement, de l’événementiel, du marketing, etc.
Notre 2e objectif et de continuer à densifier la proposition de valeur de notre produit pour les artistes. Ces dernières années, nous avons étendu notre gamme de services initiale (Groover Club) pour les artistes qui veulent promouvoir leur musique en la solidifiant avec du coaching régulier ou des masterclass, par exemple. Nous avons également une autre offre de services « à la carte » pour les créateurs qui ont de bons résultats sur la plateforme et qui commencent à se développer (appelée Groover Obsession). Cette offre est plus adaptée est fonction de leurs besoins et de leur niveau d’avancement, pour des artistes comme Seye Adelekan, bassiste de Gorillaz, le snowboarder olympique et artiste indie folk suisse Pat Burgener, le lauréat de La Nouvelle Star et humoriste Mathieu Saïkaly ou encore Ofé, qui un artiste qui a brillé à The Voice France en 2022.
Aperçu de la plateforme – © Groover
Quel avenir vois-tu pour l’industrie musicale, avec l’avènement actuel du streaming ?
Je pense que l’affaissement des barrières à l’entrée sur la production de musique va se poursuivre et s’accélérer encore. Cela n’a jamais été aussi simple de produire de la musique qu’aujourd’hui et ce le sera encore plus demain avec l’IA.
Par ailleurs, le rôle du label est en train de grandement évoluer. Les artistes ont de facto moins besoin des labels sur la partie production de musique que sur la partie marketing. Nous sommes convaincus que ces deux tendances de fond vont s’accentuer. Cela va pousser les artistes à vouloir rester indépendants, à détenir leurs sans nécessairement signer avec des majors au début et à désirer avoir accès à plus de services et d’accompagnement de leur part sur les sujets marketing et promos. C’est pourquoi nous pensons que la promotion et la curation vont jouer des rôles de plus en plus cruciaux. Ce sont des changements très importants.
Les plateformes de streaming et les réseaux sociaux ont aussi bien sûr grandement changé la façon de promouvoir sa musique. Être cross-platform est essentiel pour la promotion de la musique, notamment avec Tik Tok aujourd’hui. Le streaming peut être rémunérateur mais la monétisation doit aussi passer par le physique avec le live, le merchandising et la création de communautés de fans (on parle beaucoup de « super fans »). Ce sont sur ces étapes que les artistes se concentrent désormais le plus, maintenant que la production se simplifie.