5M€ levés pour la deeptech Numalis, pionnière dans l’industrialisation de la validation formelle des intelligences artificielles

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En pleine ébullition depuis quelque temps, le marché de l’IA commence à se structurer et à essaimer dans tous les secteurs. La deeptech Montpellieraine Numalis, composée d’une vingtaine de collaborateurs, lève 5M€ (notamment auprès du fonds Definvest co-créé par Bpifrance et le Ministère des Armées) afin de renforcer sa position de leader pour l’explicabilité et la validation des Intelligences Artificielles. Présente dans des secteurs tels que l’Aéronautique, la Défense ou le Spatial en France et à l’International, la société a été cofondée en 2015 par le chercheur Arnault IOUALALEN, qui la dirige également. Découvrez sa vision et les perspectives de Numalis.

 

Peux-tu dresser un panorama du secteur de l’IA aujourd’hui ?

Le secteur actuel de l’IA se caractérise par une distinction claire entre les usages critiques et non critiques. Les usages critiques, considérés comme à haut risque, englobent les systèmes ayant un impact significatif sur des domaines essentiels tels que la santé, le travail, et plus généralement, les droits des personnes. Ces systèmes requièrent une attention particulière en raison des risques potentiellement graves qu’ils impliquent. Les usages non critiques, en revanche, incluent des applications comme les systèmes de recommandation sur des sites web marchands, qui présentent des risques moindres.

L’adoption de l’IA dans les usages non critiques a déjà largement progressé, engendrant une compétition intense entre les acteurs du secteur pour capter une part importante du marché. En revanche, dans les domaines critiques, le développement et la mise en œuvre de l’IA sont plus lents. Cela est dû principalement aux réglementations et certifications strictes qui doivent être respectées afin de garantir la fiabilité nécessaire au déploiement d’un système.

Les entreprises travaillant dans le secteur des usages critiques de l’IA sont confrontées à la nécessité de développer une confiance absolue dans leurs systèmes. Cette confiance repose sur la mise en place de cadres sécurisés qui permettent de limiter les risques techniques, juridiques et d’image. La création de standards, d’outils, de bonnes pratiques, de processus et de systèmes de traçabilité sont essentiels dans ce contexte. À long terme, cela permettra de mener à la certification des systèmes d’IA, un domaine sur lequel Numalis contribue activement.

 

Comment vous positionnez-vous vis-à-vis des acteurs de l’IA et comment les aidez-vous concrètement à valider leurs modèles ?

Numalis est l’éditeur de la suite de standards ISO/IEC 24029 basée sur l’état de l’art de l’évaluation de la robustesse des IA. Ces standards créent un cadre de référence définissant les exigences d’une IA robuste, servant de socle à l’AI Act et sur lequel peuvent s’appuyer toutes les industries pour développer des IA de confiance.

La particularité de Numalis est que nous utilisons un ensemble de techniques mathématiques qui permettent de raisonner rigoureusement sur un système pour en démontrer sa fiabilité ; c’est-à-dire que sur un espace donné on dispose d’une propriété du système garantie à 100%, avec un certificat mathématique qui caractérise son fonctionnement sur cet espace.

Compte tenu de la complexité de mise en œuvre de ces approches mathématiques rigoureuse, nous avons industrialisé et automatisé ces processus au sein d’un outil SaaS nommé Saimple.

Saimple se présente comme un outil essentiel pour les créateurs d’IA. Il les assiste dans la mise en œuvre des normes actuelles et des réglementations à venir, en fournissant des preuves formelles sur le fonctionnement de leurs algorithmes. Cela permet également aux utilisateurs de créer des modèles de plus grande qualité tout en réalisant des gains de temps considérables.

 

 

©Unsplash

 

Selon Numalis, quels secteurs critiques ambitionnent une adoption forte de l’IA ?  

L‘IA a de nombreux cas d’usage et trouve des applications dans tous les secteurs, avec des besoins spécifiques à chacun et des degrés de maturité variés selon l’industrie.

Les secteurs où l’IA aura la plus forte adoption seront ceux pour lesquels il est possible de dégager le plus de valeur au sens large. Parmi ces secteurs, on peut citer le transport, la défense et sécurité, la santé, la finance, l’agriculture ou l’industrie manufacturière.

Cependant, l’adoption de l’IA dans ces domaines est conditionnée par la capacité à relever plusieurs défis, tels que la gouvernance des données, les impacts environnementaux, les questions éthiques, les régulations et la formation des utilisateurs finaux à ces nouvelles technologies. Une collaboration étroite entre la recherche, les développeurs d’IA, les organismes de régulation et les utilisateurs finaux est cruciale pour élaborer des solutions IA de confiance, indispensable à son adoption.

 

Vous venez de lever 5 millions d’euros, notamment auprès du fonds Definvest. Quels vont être les grands axes de développement liés à l’utilisation de ces fonds ?

La typologie des acteurs avec lesquels nous travaillons est principalement guidée par leur perception de la valeur de Numalis. Les acteurs qui nous accompagnent aujourd’hui voient en nous un acteur structurant pour le futur de la certification des IA pour permettre le développement de l’IA de confiance dans les industries dites de « temps long ». Nous travaillons avec des acteurs qui, comme nous se projettent, dans une valeur ajoutée se construisant à long-terme. C’est pourquoi nous avons choisi des partenaires institutionnels ou grands comptes qui évoluent dans des secteurs d’activité clés.

Les fonds levés vont servir plusieurs objectifs. Le premier c’est le développement commercial de Numalis, lié à la mise en place d’une réglementation européenne, notamment l’IA Act qui devrait s’appliquer en 2025. D’ici un an à un an et demi, nos clients devront se conformer à cette réglementation. Nous avons donc besoin de mettre le pied sur l’accélérateur pour que notre technologie leur permette de répondre à ce nouveau cadre réglementaire.

Le deuxième axe de développement est de continuer à investir dans les travaux de recherche pour conserver notre avance technologique. Nous restons une deeptech dans l’âme ! Enfin, un de nos objectifs est de continuer à sécuriser notre positionnement stratégique sur la standardisation et donc d’avoir les moyens de continuer à travailler avec les instances qui vont être structurantes pour l’industrie.

 

Comment vois-tu l’avenir proche de l’IA – en quoi l’AI Act va-t-il jouer un rôle crucial ?

L’AI Act, très clairement, est un catalyseur de l’adoption de l’IA. On entend souvent que la réglementation va tuer l’innovation, qu’elle va la freiner, que l’on va devenir moins compétitif… Je pense au contraire que cette règlementation va permettre à l’IA de se déployer dans des secteurs qui l’interdisent aujourd’hui. Je pense que l’AI Act va plutôt ouvrir des portes à l’IA dans plusieurs secteurs en leur offrant un cadre juridique.

Contrairement à la RGPD qui s’applique de manière transverse, L’AI Act a surtout vocation à encadrer les IA dites à haut risque qui ne vont concerner qu’une partie de l’industrie. En revanche, c’est la partie qui a le plus besoin de réglementation et de confiance. Nous voulons prendre cette vague, car nous tablons sur une accélération de l’adoption de l’IA sur ces marchés et nous pourrons fournir les éléments nécessaires pour réaliser cette catalyse de l’IA dans l’industrie.

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